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aisé, il est difficile de dégager le précieux métal de ces combinaisons. On sait qu’au contraire, dans les mines d’or, le métal est à l’état natif, et, disons-le en passant, cette différence explique pourquoi les Espagnols trouvèrent chez les peuples d’Amérique plus d’or que d’argent. Même dans l’empire aztèque, qui était plus avancé que tout le reste, la production de l’argent était très bornée.

Au commencement du XVIIIe siècle, les mines du Mexique ne donnaient encore, en or et en argent, que 27 millions de nos francs d’aujourd’hui, presque tout en argent. Cinquante ans après, elles étaient montées à 65. À la fin du XVIIIe siècle et au commencement du xix% c’était moyennement de 125 à 130 millions, dont les neuf dixièmes en argent, le reste en or, qui s’extrayaient principalement des lingots d’argent. C’est à peine si aujourd’hui le Mexique est revenu à ce niveau qu’il avait perdu pendant les guerres de l’indépendance. Il n’en reste pas moins le principal producteur d’argent dans le monde entier. Si on laisse la Californie à part, on trouve qu’il produit à peu près les trois cinquièmes du rendement de l’Amérique entière pour les deux métaux réunis ; par rapport à l’argent seul, sa quote-part est un peu plus forte.

Le nombre des filons argentifères que présente le Mexique est à peu près illimité. Au nord de Mexico, et particulièrement dans la partie occidentale du pays, ces filons se multiplient. Quand on approche du golfe de Californie, toute la pente de la Cordillère est composée de roches dans la masse desquelles un peu d’argent est disséminé, et qui sont traversées par des bancs de cette autre roche dure, ordinairement d’un blanc laiteux, que les minéralogistes appellent le quartz ; à cause de leur dureté, ils ont résisté le plus souvent à l’action prolongée de l’air et des intempéries : c’est pourquoi ils font saillie au-dessus de la surface. Ce sont les filons argentifères, et ils contiennent l’argent de la manière suivante : ils sont parsemés de sulfures métalliques, et dans le nombre de ces sulfures se trouve celui d’argent, accompagné d’autres combinaisons dont fait aussi partie le métal précieux. C’est à ces filons que s’attaquent les mineurs, en choisissant les endroits où ils présument qu’ils sont riches. Ce qui distingue les filons argentifères du Mexique, et au surplus ceux de la plupart des autres contrées de l’Amérique, c’est la grandeur de leur dimension beaucoup plus que la forte proportion du métal. Le filon de la Biscaïna, qu’on exploite à Real-del-Monte, a plusieurs mètres d’épaisseur. Le filon nommé la Veta-Madre à Guanaxuato, est ordinairement épais de 8 mètres ; quelquefois il l’est de 50, et on l’a exploité sur une longueur de 12 kilomètres. Plusieurs autres filons connus ont 5, 7, 10 mètres, et par places le double. Au Pérou, selon le témoignage d’un savant naturaliste allemand, M. de Tschudi, on trouve des filons plus puissans encore