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comme à Xalapa et dans quelques autres districts où les glaciers éternels de quelques montagnes, telles que le pic d’Orizaba et le Goffre de Perote, se chargent d’en fournir aux sources toute l’année, la zone tempérée est un paradis terrestre.

Par-dessus la zone tempérée se déploie la Terre-Froide (Tierra Fria), ainsi nommée en raison de l’analogie que des colons venus de l’Andalousie durent lui trouver sur une partie de son dévelop pement avec le climat assez cru des Castilles; mais les Français, les Anglais et les Allemands transportés au Mexique dans la Terre-Froide s’y jugent à peu près partout en un climat fort doux. La température moyenne de Mexico et d’une bonne portion du plateau est de 17 degrés; c’est seulement un peu moins que celle de Naples et de la Sicile, et c’est celle des trois mois de l’été à Paris. D’une saison à l’autre, les variations, comme partout entre les tropiques, y sont bien moindres que dans les parties les plus tempérées et les plus belles de l’Europe. Pendant la saison qu’on n’y saurait appeler l’hiver que par une extension excessive des termes du dictionnaire, la chaleur moyenne du jour à Mexico est encore de 13 à 14 degrés, et en été le thermomètre à l’ombre ne dépasse pas 26 degrés.

A la faveur d’une pareille constitution physique, les cultures les plus variées peuvent être et sont en effet réunies je ne dirai pas seulement dans les diverses provinces d’un même pays, mais dans les environs d’une même ville. Quatre bassins, échelonnés à des altitudes fort inégales, environnent la capitale du Mexique. Le premier, qui comprend la vallée de Toluca, a 2,600 mètres d’élévation au-dessus de la mer; le second, ou la vallée de Tenochtitlan (Mexico), 2,274 mètres; le troisième, ou la vallée d’Actopan, 1,966 mètres, et le quatrième, la vallée d’Istla, 981 mètres de hauteur. Ces quatre bassins diffèrent autant par le climat et les productions du sol que par leur élévation au-dessus du niveau de l’Océan. Le quatrième, qui est le moins élevé, est propre à la culture de la canne à sucre, le troisième à celle du coton, le second à la culture du blé d’Europe, et le premier, celui de Toluca, se distingue par des plantations d’agave ou aloès mexicain, qui étaient les vignobles des Indiens Aztèques, et qui fournissent la boisson fermentée dont s’abreuvent encore la plupart des Mexicains. Si donc le Mexique avait ce qu’il est bien loin de posséder aujourd’hui, mais ce qu’il aura nécessairement un jour, en fait de communications intérieures, quelque chose de semblable à ce qu’on rencontre dans les moindres états de la fédération américaine du nord, il suffirait d’un petit nombre d’heures pour voir défiler sous ses yeux toutes les cultures comme les climats les plus divers. Sur une distance comme celle de Paris à Orléans et même de moitié, on passerait du blé à la