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les champs de bataille, la qualité, fort médiocre cependant alors, des troupes espagnoles était excellente relativement, et le vainqueur de Hidalgo, le redoutable Calleja, sut entretenir et exciter leur moral et les bien diriger. Les insurgés eurent souvent des rencontres heureuses, mais à la fin ils subirent des délaites accablantes. Ils furent forcés dans Cuautla Amilpas, où Morelos s’était établi et entouré de redoutes; mais du moins ils y avaient soutenu un long siège, signalé par une héroïque résistance, et ils évacuèrent la place en bon ordre, sans être entamés. Ensuite, ils furent battus complètement devant Valladolid, dans la position de Santa-Maria, où ils ne tirent qu’une médiocre contenance (25 décembre 1813), et les débris de leur armée furent quelques jours après écrasés dans le combat de Puruaran (5 janvier 1814). Leurs mouvemens avaient été trop dispersés entre les provinces diverses; après Puruaran, leurs corps éparpillés furent presque tous détruits en détail. A la fin de 1815 (le 5 novembre), Morelos, vaincu une dernière fois, tomba au pouvoir des Espagnols, alors qu’il cherchait à rejoindre, par une marche à travers les montagnes, le colonel Teran, qui avait formé un rassemblement à Tehuacan, dans l’état de la Puebla. Ce funeste engagement, qui le livrait à l’ennemi, eut lieu à Temescala. C’est à peine si à ce moment il lui restait cinq cents hommes.

La partie de la lutte dont Morelos fut l’âme fut marquée par des incidens très variés, par des batailles sanglantes, par des traits d’audace et des actes d’héroïsme. Elle n’en resta pas moins complètement inaperçue de l’Europe, qui plus tard contempla avec une vive sollicitude les combats du même genre que le libérateur Bolivar soutenait contre les généraux espagnols dans l’Amérique méridionale. Et comment les grandes nations de l’ancien continent auraient-elles pu la remarquer? À cette époque de 1812 à 1815, leur attention était absorbée par le drame imposant et terrible où se jouaient leurs propres destinées. Comment le bruit des batailles du Palmar, de Valladolid et de Puruaran eût-il pu être entendu en Europe quand notre continent retentissait des chocs épouvantables de Smolensk, de la Moskowa, de Lutzen, de Bautzen, de Dresde, de Leipzig, de Vittoria, de Paris, et palpitait d’émotion ou d’angoisse en présence d’événemens tels que la prodigieuse campagne de France en 18U, le retour de l’île d’Elbe et le cataclysme de Waterloo! Les déchiremens du Mexique et les accidens de la guerre qui le désolaient étaient assurément dignes d’intérêt; mais qu’était-ce auprès du tragique spectacle de la France épuisée qu’une coalition foulait aux pieds et parlait de démembrer?

Dans cette guerre civile du Mexique, de nobles et même de grandes figures se produisirent. Sous les drapeaux espagnols, le