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désignés de celles-ci et en fort petit nombre. L’étranger demeurait exclu, et cependant les effets du nouveau régime commercial furent considérables, tous les documens en font foi. Quant au commerce avec l’Asie par Acapulco et les Philippines, il s’est borné jusqu’à la fin à un seul navire par an, le galion, bâtiment de 1,500 tonneaux, commandé par un officier de la marine royale.

Le despotisme espagnol se manifestait par une multitude de règlemens venus tout faits de Madrid, sans que les vice-rois les pussent changer, car on avait peu à peu restreint l’amplitude des pouvoirs de ces hauts dignitaires. De la part du conseil des Indes, auquel aboutissaient à Madrid toutes les affaires des colonies, ces règlemens étaient à bonne intention, mais faits sans une connaissance suffisante des lois et du peuple auxquels ils devaient s’appliquer, et combinés dans cet esprit minutieux qui a l’impossible prétention de tout prévoir, et qui est la négation du libre arbitre. Par cela même contraires à la nature humaine, ils tournaient à la ruine des populations dont on avait cru faire le bien. Des volumes ne suffiraient pas à exposer les actes de mauvaise administration, les restrictions funestes à l’esprit d’entreprise, les contrôles entre-croisés, les décisions arbitraires, les lenteurs indéfinies, par lesquels se révélait le régime administratif pratiqué par l’Espagne dans le Nouveau-Monde. Il y faudrait joindre les exactions d’une partie des fonctionnaires. Les vice-rois s’enrichissaient par la distribution arbitraire du mercure entre les exploitans des mines d’argent; d’autres se faisaient des fortunes par la contrebande, un grand nombre en pressurant les Indiens. Même lorsqu’on ne procédait qu’avec de bons et honnêtes sentimens, on trouvait le moyen d’arriver à des mesures tyranniques par lesquelles on sacrifiait quelques élémens de la prospérité des colonies; j’en citerai des exemples empruntés principalement à M. Lucas Alaman, qui les avoue sans dissimuler son indulgence pour le défunt gouvernement de la métropole, et même avec la pensée de les faire tourner à sa réhabilitation.

Dans le XVIIe siècle, alors que le Mexique était loin de la richesse à laquelle il parvint depuis, et que le Pérou lui-même était en arrière de ce qu’il est devenu plus tard, il y avait un assez grand commerce entre les deux royaumes de la Nouvelle-Espagne et du Pérou. La province de la Puebla fabriquait pour le Pérou une grande quantité de tissus, de coton particulièrement[1]. De la ville de la Puebla à celle de Cholula s’élevait une suite de manufactures de ce genre. On représenta à la cour de Madrid qu’à la faveur de

  1. Le coton est indigène au Mexique.