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empêcher la circulation sur les routes où ils n’avaient pas établi de voitures. L’assemblée supplia le roi de rendre à la province son ancienne liberté pour les transports, et, en attendant l’expiration des engagemens pris, d’ordonner que les droits ne seraient perçus au profit des fermiers que sur les routes où ils auraient établi un service régulier. Comme moyen de parer aux inondations, elle prépara le redressement et le curage des rivières ; mais là encore elle refusa de s’engager dans des dépenses précipitées : elle demanda aux communes riveraines de s’imposer elles-mêmes, promettant d’accorder de son côté des secours, soit sur les fonds des ateliers de charité, soit sur ceux affectés à la navigation. À propos de ce dernier service, elle remarqua les frais excessifs de l’administration, qui absorbaient en appointemens 7,400 livres par an sur 37,000, et annonça l’intention d’en économiser une partie.

Pour les vingtièmes, elle accepta avec empressement l’offre d’un abonnement, en demandant une réduction de 200,000 livres sur le chiffre. La taille était réelle dans la province, c’est-à-dire que les biens roturiers y étaient seuls assujettis. Le cadastre de 1669, qu’elle avait en commun avec la Haute-Guienne, devenant tous les jours plus défectueux, la Haute-Guienne en avait fait faire un autre sous la direction de M. de Richeprey. L’assemblée d’Auch hésita à suivre cet exemple, qui entraînait d’assez grands frais ; elle commença par adopter tous les autres moyens mis en usage dans la province voisine pour améliorer la perception de la taille et de ses accessoires, pour diminuer les frais de contrainte, pour alléger le fardeau de la capitation et de ce qu’on appelait les droits réservés. Dans aucune de ces délibérations, elle ne manquait de rappeler au gouvernement que cette généralité, la plus pauvre de toutes, méritait des ménagemens particuliers, et qu’elle payait déjà plus que sa part dans la levée générale des impôts.

Cette épargne scrupuleuse de l’argent des contribuables, cette aversion éclairée pour toute espèce de monopole, comme pour tout gaspillage administratif, font d’autant plus d’honneur à l’assemblée provinciale d’Auch, qu’il ne s’y mêlait jamais aucun mot amer. La portion de la France qui aurait eu le plus le droit de se plaindre donnait l’exemple de la plus entière confiance dans les intentions paternelles du roi. Cette généralité a beaucoup perdu en cessant de s’administrer elle-même. Le concordat a supprimé les quatre évêchés qui formaient cortège au siège archiépiscopal d’Auch, et deux des villes qui les renfermaient, Saint-Bertrand-de-Comminges et Saint-Lizier-de-Couserans, ne sont plus que des villes mortes. Le département du Gers n’a gagné que bien peu d’habitans depuis 1787 malgré ses ressources naturelles. On n’a fait, pour améliorer le régime