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il est tombé quelques années après son établissement, sans nous avoir procuré un avantage réel. Cette partie est administrée, sous l’autorité du directeur-général, par deux inspecteurs, dont l’un a 1,200 livres d’appointemens et l’autre 1,000 livres, et dont les fonctions consistent à faire deux fois par an une revue générale de leurs départemens respectifs. Il y a de plus deux gardes-haras, dont les appointemens sont de 600 livres, et cinquante-cinq gardes-étalons, qui n’ont point de gages, mais qui reçoivent de chaque propriétaire de jument 3 livres et un boisseau d’avoine pour chaque saut, et qui jouissent encore de plusieurs privilèges et exemptions. Malgré la vigilance et le zèle de ceux qui sont préposés à l’exécution des règlemens, nous ne pouvons nous dissimuler que l’espèce des bons chevaux diminue et dépérit tous les jours. Contens des exemptions et des distinctions attachées à leur état, les gardes se mettent peu en peine d’entretenir leur étalon et le font servir à des travaux trop fâtigans. Une liberté indéfinie serait plus avantageuse que ces règlemens, dont il est si aisé d’abuser. Qui sait si le roi ne consentirait pas à détruire ce privilège exclusif, dont l’effet a été d’anéantir la reproduction des bons chevaux ? »

Des raisons analogues étaient invoquées contre la pépinière. « L’objet du gouvernement, disait le même bureau, en établissant la pépinière publique, est de procurer les moyens de multiplier les plantations en fournissant gratuitement des plants de la meilleure qualité. La pépinière d’Auch coûte annuellement 3,370 livres : son objet principal est de fournir des arbres pour planter sur les grands chemins ; mais l’expérience a démontré que les règlemens faits à ce sujet n’ont jamais eu d’exécution, et plusieurs pensent qu’ils seraient aussi préjudiciables au bon état des routes que nuisibles aux propriétés riveraines. Quant aux arbres fruitiers, l’expérience a fait encore reconnaître aux particuliers que les plants les moins chers étaient ceux qu’un marchand avait intérêt de fournir de bonne qualité. L’administration du Languedoc a jugé les pépinières inutiles au progrès des plantations ; celle de la Haute-Guienne a sollicité vivement la suppression de cet établissement. Nous pensons aussi que le commerce libre des arbres procurera tout ce qui sera nécessaire, et que les fonds employés pour l’entretien de la pépinière royale d’Auch peuvent recevoir une destination plus utile. »

Jusqu’en 1775, le privilège des messageries et voitures publiques, réuni à la ferme générale des postes, ne s’était pas étendu à la province ; on y jouissait d’une liberté qui avait facilité l’établissement de moyens de transport à bon marché. Introduit depuis 1775, le privilège avait amené ses conséquences ordinaires. Armés de règlemens vexatoires, les fermiers prétendaient prélever des droits et