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l’administration des biens et revenus municipaux et des fondations d’intérêt local à l’exception des fondations charitables, — le service des cours de justice locale et l’administration des maisons de détention et de correction, — l’administration de la police. En outre une loi de 1858 (local government act) leur offre les attributions que voici : l’éclairage public, — l’administration de la voirie et des jardins et parcs publics, — la police de la voirie, des voitures publiques et des établissemens publics, — l’approvisionnement des eaux, — le service et la police des incendies, — la police des constructions et la salubrité publique, — les horloges publiques, — les bains et lavoirs publics,— les cimetières, — les marchés.

Cet acte doit être considéré comme une charte générale proposée par le législateur soit aux localités qui n’en ont pas, soit à celles qui en ont une moindre. C’est en même temps un moyen qui leur est offert pour déposséder les pouvoirs institués çà et là, avec plus ou moins de discernement et d’harmonie, à certaines fins locales, éclairage, pavage, etc. Un bourg peut se soustraire à ces incohérences par décision du conseil municipal adhérant à l’acte de gouvernement local. Une paroisse ou même une agglomération quelconque peut obtenir le bénéfice de cet acte, soit par une résolution de la majorité des contribuables, soit par une décision du ministre de l’intérieur.

Ces pouvoirs sont d’une véhémence dont on n’a pas d’idée. Ces bourgs, qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes, ont en eux-mêmes un maître dur et exigeant. Rien n’est comparable à leur police des constructions, de la voie publique, de la salubrité, de la propreté. On force un propriétaire à produire le plan de toute construction ou reconstruction projetée : il y faut des rigoles couvertes aboutissant aux égouts publics, sans parler d’une infinité de détails… Pour vérifier ces conditions de décence, on visite à volonté tout domicile. On défend la location des logemens souterrains ou même simplement sordides et mal aérés. À ce qui est insalubre, on impose l’assainissement ; à ce qui ne peut être assaini, la destruction. Il y a de grosses amendes pour les retards, et finalement une exécution d’office qui peut aller jusqu’à abattre les maisons, le tout aux frais des propriétaires. Telles sont les violences de la civilisation sur un peuple qui exècre les mesures préventives, qui a la religion du domicile, qui ne peut sentir la main de l’autorité sur lui, chez lui surtout.

Après cela, il va sans dire qu’on inspecte toute vente de comestibles, qu’on oblige les chemins particuliers à être nivelés, drainés et pavés, qu’on prohibe tout amas d’immondices dans l’intérieur