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ce papier-monnaie, qui ira peut-être avant peu soudoyer le brigandage. De pareils faits donnent la mesure des responsabilités que la France assume en restant à Rome, et devraient nous convaincre que notre honneur, aussi bien que notre intérêt, nous impose le devoir d’en finir avec cette funeste question.

Le grand drame américain approche du dénoûment. Les informations les plus accréditées venues des États-Unis annoncent que les événemens de la campagne qui vient de commencer, et que les mauvais temps attardent encore sur les bords du Potomac, seront décisifs. La bataille qui sera livrée avant peu de semaines, peut-être dans peu de jours, sur la position de Manassas, sera, nous assure-t-on, regardée, quelle qu’en soit l’issue, par le nord et par le sud comme le dernier mot de cette fatale lutte. Le sort du combat établira la solution politique qui devra pacifier les deux grandes sections de l’ancienne Union. Tout présage que les états du nord pourront, dans cette rencontre, faire victorieusement sentir à leurs adversaires la supériorité de leurs ressources. En tout cas, l’Europe doit compter que l’Amérique pourra prochainement lui envoyer ses cotons : ce sera pour l’industrie et le commerce européens la fin d’une pénible anxiété et de souffrances qui, en se prolongeant, seraient devenues désastreuses pour une grande partie de nos classes laborieuses.


E. FORCADE.


REVUE MUSICALE


Nous sommes en pleine moisson d’incidens qui touchent aux théâtres lyriques et à l’art musical. D’abord l’administration supérieure a fait un coup d’état au théâtre de l’Opéra-Comique ; elle a retiré le privilège à celui qui l’exploitait depuis quelques années, M. Beaumont, et lui a donné pour successeur M. Émile Perrin, qui a déjà dirigé avec succès la destinée de ce théâtre important. Cette mesure a été vue avec plaisir par tous ceux qui s’intéressent à l’art et a la musique dramatiques en France. Les choses en étaient arrivées à ce point que sur la scène illustrée par Grétry, Méhul, Cherubini, Boïeldieu, Hérold et M. Auber, on ne jouait plus guère que des opérettes d’amateurs ; le riche et charmant répertoire de ce théâtre aimé y était complètement négligé. Aucune tentative n’y était faite pour essayer de mettre la main sur quelque compositeur de mérite, sur une œuvre plus ou moins originale qui nous tire de cet état d’alanguissement et de torpeur où nous sommes plongés depuis si longtemps. Je ne sais quel remède apporteront au mal qui nous ronge le goût et l’activité intelligente de M. Émile Perrin ; mais il peut être certain que nous nous ferons un devoir d’encourager ses efforts, s’il peut nous donner au moins l’interprétation respectueuse des byeaux chefs-d’œuvre qui sont commis à sa garde.

M. Émile Perrin a inauguré sa nouvelle direction par un ouvrage en trois