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fertilité constitue les élémens de l’engrais mixte le mieux approprié à ce terrain, que si le fumier des fermes convient à toutes les cultures, à tous les sols, c’est qu’il renferme précisément les élémens de nutrition que les plantes ont déjà puisés dans la profondeur de la couche arable, c’est qu’enfin l’excès des débris végétaux consommés dans les actes de la digestion des herbivores laisse prédominer dans le résidu les substances azotées et salines indispensables à la nourriture d’une végétation nouvelle. Toutefois, parmi ces élémens, dont les doses doivent varier suivant la composition de la terre qu’on se propose de fertiliser, les uns se rencontrent presque partout en abondance à la portée du cultivateur, les autres sont en tous lieux plus ou moins rares. De là est venue la règle généralement adoptée de fixer la valeur vénale des engrais en raison des doses qu’ils contiennent de matières azotées et de phosphates, ou des proportions d’azote et d’acide phosphorique que l’analyse y démontre, en tenant compte toutefois de l’état fermentescible, de la ténuité des particules ou encore de la solubilité, qui facilite l’absorption et l’assimilation par les plantes.

M. de Gasparin a fixé approximativement sur ces bases la valeur moyenne en France pour l’azote entre 1 franc 50 cent, et 2 francs le kilogramme, et pour le phosphate de chaux tribasique entre 20 et 25 centimes. M. Nesbitt en Angleterre, réunissant les avis des agronomes et des chimistes manufacturiers, gradue ainsi la valeur vénale des principaux élémens qui peuvent entrer dans la composition des engrais commerciaux : pour 1 kilog., azote, 1 franc 85 cent. ; phosphate de chaux, 20 cent. ; sels alcalins, 2 cent. 1/2 ; sulfate de chaux, 2 cent. 1/2. Ces bases de l’évaluation des engrais mixtes ne diffèrent guère de celles qu’on admet en France ; elles ne sauraient cependant être considérées comme absolues, car elles dépendent de la composition du sol et de ce qui lui manque pour compléter sa puissance productive. On a vu, par exemple, que dans les plus riches contrées agricoles des environs de Lille le phosphate de chaux employé seul ne peut accroître les récoltes, tandis que les substances azotées fermentescibles y développent une végétation luxuriante ; c’est ainsi encore que dans les engrais mixtes on compte comme une valeur négative le carbonate de chaux et la silice, car ils augmentent par leur poids les frais de transport, et sont dépourvus d’action utile sur la plupart des terrains cultivés, où généralement ils se trouvent en excès. C’est donc d’après la richesse en azote ou en phosphates découverte par l’analyse chimique dans les divers engrais qu’on a pu, en France, en Angleterre et en Allemagne, dresser des tableaux synoptiques de leur valeur comparée ainsi que de leurs équivalens. Par l’équivalent d’un engrais, on