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se sont élevés de 1 milliard 400 millions à 2 milliards. C’est l’ensemble de cette situation qui a frappé les esprits prévoyans, et qui a fait sentir à l’empereur et à M. Fould la nécessité absolue d’une réforme.

Je n’ai jamais fait, je continuerai à ne pas faire à l’administration financière proprement dite un grand reproche de l’élévation de la dette flottante. C’est à tout l’ensemble de la politique intérieure et extérieure que cette élévation est imputable ; ceux qui pensent autrement risquent de prendre l’effet pour la cause, et pourraient se laisser entraîner à chercher les remèdes ailleurs que là où ils existent. Peu de gens dans le public qui n’est pas celui des affaires se rendent un compte exact de ce qu’est la dette flottante, et du rôle qu’elle joue dans nos finances. Il en résulte des erreurs singulières, et le mémoire à l’empereur a pu contribuer, à l’insu et contre le gré du ministre des finances, à accréditer quelques-unes de ces erreurs. Quand on sait ce dont on parle, il arrive souvent qu’on ne l’explique pas assez à ceux qui devraient peut-être le savoir, mais qui ne le savent pas. En entendant constater un déficit, des découverts de 1 milliard, beaucoup de ceux qui lisent le Moniteur, — un plus grand nombre encore de ceux à qui, sur toute l’étendue du territoire, n’en parvient qu’un écho lointain et parfois infidèle, — ont pu s’imaginer toute autre chose que la réalité, croire à la constatation subite de graves erreurs ou d’un emploi irrégulier des deniers publics. Ceux-là ignorent que l’élévation de la dette flottante n’est que l’indice d’une situation, n’est que le reflet des budgets, et que l’augmentation anormale de cette dette prouve tout simplement qu’on a dépensé plus que n’ont produit les recettes, et qu’on n’a pas assez emprunté en rentes pour parfaire la différence. La dette flottante représente donc, outre l’arriéré imputable au passé, la partie non consolidée des excédans de dépenses sur les recettes, dépenses faites en vertu de crédits extraordinaires accordés en dehors des budgets. Il est fait face à ces besoins et à ces dépenses au moyen de diverses ressources permanentes ou transitoires : fonds des communes