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LA MAGISTRATURE
ET
LE JURY EN FRANCE

I. Les Parlemens de France, par M. de Bastard-d’Estang, Paris 1857. — II. Mémoire sur la réformation de la justice, couronné à l’Académie des Sciences morales et politiques, par M. Raymond Bordeaux, Paris 1857. — III. Discours et Écrits de Royer-Collard, Paris 1861.

Dans les contrées qui aspirent à des réformes libérales, l’attention s’est vivement portée du côté des institutions judiciaires. On n’en sera point surpris : c’est par la justice que doivent commencer les améliorations dans l’ordre politique et social, parce qu’elle est le premier et le plus puissant instrument de la liberté. Est-il besoin de le dire ? au seul aspect des tribunaux, on peut reconnaître les conditions morales d’un pays, la nature de son gouvernement et jusqu’à la mesure de son indépendance. Il ne serait pas sans intérêt de soumettre plus d’un état à cette épreuve, et peut-être l’occasion en viendra-t-elle plus loin ; mais la meilleure partie de nos observations sur ce grave sujet est réservée à la justice française, bien qu’elle n’ait manqué ni d’admirateurs ni de panégyristes : à la rentrée des tribunaux, on sait qu’elle reçoit un hommage périodique qui devient chaque année plus embarrassant et plus difficile. Certes nous sommes loin de blâmer cet antique usage et de vouloir affaiblir le prestige de la solennité destinée à le perpétuer. Seulement nous dirons que la justice a aussi une date dans nos institutions, et à notre sens il est nécessaire de s’y arrêter, car trop souvent on