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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier 1862.

La session est ouverte, et la saison politique commence. Le discours de l’empereur aux chambres réunies, l’exposé financier de M. Fould, publié peu de jours auparavant, ont marqué le caractère de la nouvelle campagne politique qui s’engage. Le ministre des finances en a, dans son rapport, tracé le programme. Le discours impérial a montré par quelques expressions, dont la force a été remarquée, que le gouvernement prend ce programme au sérieux. Les nouvelles combinaisons financières, c’est le langage même de l’empereur, ne sont point un expédient pour alléger sa responsabilité. Il s’agit d’une réforme sérieuse, « qui doit nous forcer à l’économie ; » il faut « asseoir notre régime financier sur des bases inébranlables, » et ce résultat, c’est de « l’application sévère du nouveau système » qu’on l’attend. On ne saurait annoncer de telles résolutions sans exciter de grandes espérances chez tous ceux qui prennent à cœur les intérêts de la fortune publique, c’est-à-dire le bon état des vrais ressorts de la prospérité et de la grandeur de la France. C’est d’ailleurs, suivant nous, placer la politique intérieure du pays sur son véritable terrain, sur le terrain où, l’expérience constante de l’histoire l’enseigne, la liberté a remporté ses plus profitables victoires et assis ses plus solides conquêtes. Nous ne surprendrons par conséquent personne, si nous disons que, pour notre part, nous accueillons avec un vif intérêt ces promesses et ces premiers essais de réforme financière après lesquels nous avons si longtemps soupiré.

Nous ne voulons apporter, dans l’appréciation de la situation financière qui a motivé les résolutions de réforme du gouvernement, aucune pensée de récrimination acariâtre ; mais nous voudrions aussi voir les organes officiels et officieux du gouvernement s’inspirer d’une réserve analogue. Les discussions du sénat le mois dernier, certaines insinuations qui se sont glissées dans les documens officiels, hier encore, une inutile apologie de la gestion financière antérieure au nouveau système présenté par M. de