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Dans Hellenin, il peint un cadet de Gascogne qui vient chercher fortune à Paris, comme le Rastignac du Père Goriot, et qui, après avoir fait beaucoup de dettes, s’insinue dans la maison d’un magistrat opulent par le moyen de la musique, dont ce magistrat, dit Camus, était passionné, et qui, après avoir gagné le cœur du magistrat, gagne aussi le cœur de sa fille en faisant de la musique avec elle ; « car ce n’est pas sans sujet, dit le naïf et ingénieux prélat, que les poètes ont feint qu’Adon, qui signifie le chant, était l’ami de Vénus, parce que l’harmonie est un chant qui éveille l’esprit et l’excite à cette passion flatteuse qui fait aimer. » Les parens ne voulant pas consentir au mariage, l’aventurier gascon cherche à séduire et à enlever Protaise, dont la dot l’intéresse plus encore que la personne. Il est arrêté dans ses projets par une chute de cheval qui lui brise les membres et l’envoie à l’hôpital, où son frère aîné, riche et égoïste, l’abandonne impitoyablement. Ce frère aîné est tué en duel ; Hellenin, après avoir subi toutes les tribulations de Job, converti par ses souffrances, devient l’héritier de son frère, consacre sa vie à la bienfaisance et meurt comme un saint.

Dans Callitrope, il s’agit d’une veuve qui devient amoureuse de Lysias, fiancé de sa fille ; elle a recours à toute sorte de perfidies pour séparer les deux amans, mais elle finit également par écouter la voix de la conscience, qui lui reproche sa conduite ; elle consent à leur mariage et se retire dans un monastère. — Dans Aristandre ou le Vertueux mari, nous voyons Argée, comtesse souveraine d’Allemagne, restée veuve, jeune encore, avec des mœurs très dissolues, qui s’éprend d’amour pour son écuyer Aristandre. Le fils de cette comtesse éprouve, de son côté, une passion violente pour une jeune fille attachée à la cour de sa mère, qui se nomme Nicette, et dont il veut faire sa maîtresse. Nicette aime Aristandre et en est aimée : ils se marient. Le jeune prince et sa mère consentent au mariage dans l’espoir qu’il pourra se concilier avec les vues qu’ils ont sur chacun des deux époux ; tous deux cependant trompent leurs espérances, et Aristandre n’est pas moins ferme dans sa résistance aux désirs de la comtesse que Nicette dans la sienne aux entreprises du prince son fils. Celui-ci cherche à faire empoisonner Aristandre, mais le poison qu’il a ordonné de mêler à sa nourriture est par mégarde servi à Nicette, qui en meurt. Le prince accuse alors Aristandre d’avoir empoisonné sa femme. L’époux de Nicette va être conduit au supplice,, lorsque pour le sauver, la comtesse Argée, qui d’ailleurs avait eu l’intention de commettre sur la jeune femme le crime dont on accuse Aristandre, se déclare coupable de ce crime. Les magistrats découvrent la vérité ; par respect pour leur prince, ils étouffent l’affaire. Aristandre sort de prison, et, toujours poursuivi par Argée, il passe en Espagne, puis se retire également dans un monastère.