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économique, peut-être aussi un peu plus de prévoyance au sein des familles, ont abaissé la population au-dessous du chiffre consigné dans le cens de 1821. On y a compté seulement 5,792,000 âmes dans la journée du 8 avril 1861. On dit que depuis cette époque bon nombre d’émigrés aux États-Unis reviennent dans leurs foyers pour se soustraire aux éventualités de la guerre civile. Quoi qu’il en soit, l’Irlande ne contribue pas pour beaucoup au prodigieux accroissement de la famille britannique. C’est dans l’Angleterre proprement dite qu’il faut étudier le phénomène, et on va voir par le tableau suivant que la progression est constante depuis le commencement du siècle.

Angleterre et Pays de Galles
Mouvement progressif de la population, de 1801 à 1861


Périodes décennales Population moyenne pendant la période Moyenne de l’accroissement annuel. Proportion de l’accroissement par année
1801-1810 9,518,278 129,059 1 sur 73 3/4
1811-1820 11,071,226 171,813 1 sur 64
1821-1830 12,926,722 187,932 1 sur 68
1831-1840 14,904,359 108,957 1 sur 75
1841-1850 16,420,878 201,246 1 sur 81 1/2
1851-1860 19,074,058 216,957 1 sur 88
Année 1859, isolément 19,742,361 248,309 1 sur 79 4/2

La population britannique a donc augmenté depuis le commencement du siècle dans la proportion de 83 pour 100. L’accroissement de la population française pendant la même période n’arrive pas à 34 pour 100[1] ; mais à part cette différence, je dois signaler ici un contraste des plus remarquables, qui certainement ne se produit pas sans des causes essentielles. Le tableau anglais vient de nous montrer que le mouvement progressif a toujours oscillé dans des limites restreintes ; il semblerait que la vitalité sociale s’est développée sous l’influence d’une loi rigoureuse et permanente. L’accroissement annuel varie depuis soixante ans entre 12 et 16 pour 1,000 habitans. On arriverait à un résultat semblable pour l’Écosse, qui est soumise aux mêmes conditions de croissance que l’Angleterre[2]. En France, c’est tout autre chose. La progression s’amoindrit

  1. Les évaluations approximatives de l’administration on 1801 donnaient pour chiffre de la population 27,349,003.
  2. En Écosse, pour une population de 3,104,000 habitans, l’excédant des naissances sur les décès a été en 1859 de 47,958, soit un accroissement d’un individu par 65 habitans ; en 1860, l’excédant a été seulement de 37,226, soit 1 individu de plus pour 85 habitans.