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classes dans un lycée ou dans une école supérieure de sciences appliquées (real-gymnasium ou real-schule). Puis, ce premier degré d’instruction générale acquis, il faut faire une année d’apprentissage comme garde sous les ordres d’un agent du service ordinaire ; c’est seulement alors qu’on est admis à suivre les cours d’une école forestière supérieure. Après deux années d’étude et deux nouvelles années de stage, les candidats peuvent concourir pour le grade d’ober-förster. Les écoles forestières sont libres et organisées à peu près comme les facultés des sciences en France, et les cours de sylviculture sont suivis par bien des étudians qui ne songent nullement à entrer dans l’administration des forêts. Aussi les connaissances forestières sont-elles très répandues dans le public, tandis que chez nous elles restent l’apanage des hommes spéciaux. Bien que chaque pays ait une école forestière spéciale, les jeunes gens peuvent indifféremment suivre les cours de celle qui leur convient ; il suffit qu’ils reviennent subir leurs examens dans le pays auquel ils appartiennent. Les agens eux-mêmes passent souvent d’un pays dans un autre, comme si l’unité de l’Allemagne était déjà un fait accompli. C’est ainsi que Hartig, originaire de la Hesse électorale, termina sa carrière comme grand-maître des forêts de la Prusse. Les traitemens sont, à grade égal, plus élevés en Allemagne qu’en France[1] ; ils sont le plus souvent proportionnés à l’ancienneté de service et se composent d’un traitement fixe et d’une indemnité qui varie suivant l’étendue des circonscriptions. En outre les agens forestiers sont logés, chauffés, et ont la jouissance de deux hectares de terres arables. La position des gardes est également préférable, surtout à cause des revenus accessoires auxquels ils ont droit et des indemnités qui leur sont allouées pour les travaux extraordinaires.

L’examen comparatif sur lequel nous n’avons pas craint d’insister montre que les forêts ont été négligées, abandonnées à elles-mêmes, et par conséquent vouées à la destruction dans presque tous les pays de race latine, et qu’elles ne sont réellement l’objet d’une culture intelligente et d’une exploitation régulière que là où l’esprit germanique s’est perpétué. En France, où des races différentes se sont trouvées en présence, la région située au sud de la Loire est

  1. En Prusse, les chefs de cantonnement touchent, suivant les classes, de 2,020 à 4,777 francs ; dans le duché de Bade, de 2,604 à 3,948 francs ; en Bavière, de 1,017 à 2,352 francs. Les inspecteurs ont en Prusse de 4,777 à 9,100 francs, dans le duché de Bade 6,000 francs, et en Bavière de 4,179 à 5,849 francs. La retraite des officiers forestiers se calcule d’après le traitement fixe. Après dix ans, elle s’élève aux neuf dixièmes de ce traitement. À l’âge de soixante-dix ans, le fonctionnaire retraité a droit à l’intégralité du traitement d’activités il conserve son titre ad honorem et la faculté de porter l’uniforme.