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étaient désormais décidées à ne plus accepter de compromis et à maintenir intacts, avec le scrupule le plus jaloux, les privilèges qui étaient, à vrai dire, toute leur force. Or, en se mêlant, de quelque manière que ce fût, à l’élaboration d’un bill non encore voté, Charles Ier venait de méconnaître une des règles élémentaires de la pratique constitutionnelle. Il s’était de plus montré assez menaçant envers « quiconque, en des temps pareils, avait soulevé ce conflit. » Un vote immédiat de la chambre basse déclara violés par l’intervention royale tous les anciens privilèges des lords aussi bien que ceux des communes. Après une conférence, les lords, que commençait à dominer l’obstination acharnée de leurs collègues de la chambre basse, s’associèrent à la protestation, qui fut immédiatement portée à White-Hall par une députation de cinquante-quatre membres (dix-huit lords, trente-six députés). Le soin de la lire au monarque fut dévolu à Williams, tout récemment devenu archevêque d’York. Symonds d’Ewes, qui faisait partie de la solennelle ambassade, s’était placé fort près du roi pour entendre sa réponse ; mais elle fut faite à voix si basse qu’il en put à peine saisir quelques mots : « J’aviserai,… il me faut du temps, etc. » Quelques jours après, ils furent mandés pour recevoir la réponse écrite du roi, qui la fit remettre au comte de Bristol, humblement agenouillé devant lui, par sir Edward Nicholas, devenu un des secrétaires d’état. Cette fois-là il avait l’air « confiant et sévère. »

Dans l’intervalle en effet (15 décembre), l’impression de la grande remontrance avait été votée, après un dernier débat qui se prolongea dans la nuit, par 135 voix contre 83. Les royalistes étaient évidemment découragés, et, n’attendant plus rien du scrutin, portaient ailleurs leurs regards et leurs espérances. Ils essayèrent pourtant encore une protestation tumultueuse ; mais Pym sut la faire échouer en demandant un ajournement prochain pour « la prise en considération du droit de protester au sein de la chambre. » Ce jour-là ni Pym ni Hampden ne prirent la parole. Ce fut l’ancien ministre de Charles Ier, remercié peu de temps avant, le vieux sir Henry Vane, qui se chargea de démontrer que cet abus du droit des minorités était inconciliable avec les précédens, les usages, les pratiques de la chambre. Hyde, en lui répondant, fut obligé d’admettre qu’en effet les précédens n’existaient pas ; « mais, disait-il, l’impression de la remontrance est également sans précédens. » On l’écouta tant qu’il voulut parler, et ce fut tout. On écouta aussi dans le même silence désapprobateur un autre député, Holborne, qui, par une allusion facile à saisir, voulait induire le droit de protester « des dangers personnels auxquels une résolution de la chambre pourrait exposer ceux-là mêmes de ses membres qui auraient refusé de la voter. » De ces