Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/566

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs livres et leurs tabourets à la tête de leur évêque ; elles l’attendent au sortir du temple, le saisissent, le roulent dans la boue. Le fanatisme écossais manifeste ainsi sa révolte contre quelques articles de liturgie ; Charles ne veut rien concéder à un mouvement dont les débuts ridicules lui masquent la portée réelle. Il continue à parler en maître, quand il n’a plus en main de quoi dompter la résistance. La guerre s’engage, et, pour soutenir l’épiscopat, dont elle s’est fait un appui, la royauté se voit aux prises avec une insurrection nationale qui s’organise, se crée un budget, lève une armée, sans se laisser un instant abuser par les concessions mensongères à l’aide desquelles le roi essaie de paralyser, de retarder ce mouvement dont il se promet d’avoir raison. On connaît sa politique ; elle a perdu tout crédit, et les rebelles d’ailleurs ne s’y peuvent tromper. Ils ont le secret du conseil, que leur livrent des ministres infidèles. Une première campagne, mollement conduite (1689), s’achève par une sorte de paix boiteuse, sur laquelle personne ne fait fond. La guerre devra être continuée ; mais la guerre avec l’Ecosse suppose un parlement en Angleterre. Dix ans de despotisme n’ont pas enrichi le despote. Les renégats dont il s’est entouré, Strafford, Noy, Digges, Littleton, Savile, tous enlevés à l’opposition, lui ont promis de lui créer une autorité libre, opulente, absolue : vaines bravades ! la vérité se fait jour après dix années d’épreuve. Sans parlement, pas de subsides ; sans subsides, pas de guerre. C’est à l’unanimité que le grand conseil, convoqué par le roi, lui pose cet inexorable dilemme ; « Mais, dit le monarque soucieux, si le parlement n’est pas traitable, s’il faut entrer dans des voies extraordinaires, me soutiendrez-vous ?… » Les membres du grand conseil promettent, et Charles consent à cette nouvelle épreuve, sans y compter, on le voit, plus que de raison. C’était la cinquième. Elle ne devait pas réussir mieux que les autres.

Les communes en effet, réunies à peine, reprennent leur œuvre au point où on l’a interrompue violemment. Tout comme par le passé, elles s’inquiètent peu du monarque, de ses prières et de ses besoins. Les griefs du peuple, voilà ce qui les occupe. Pym est à l’avant-garde. Cet ancien clerc de l’échiquier, ce vétéran parlementaire n’a pas seulement l’intrépidité calme et courtoise de Hampden ; il a en même temps l’activité, la passion, la présence d’esprit, la hardiesse prudente, le sentiment de l’occasion et de l’heure qui constituent les grands politiques. Le véritable meneur, infatigable, toujours prêt, armé contre tout sophisme, évitant tous les pièges, déjouant toutes les intrigues, c’est lui, c’est Pym, que trois parlement successifs, composés de tout ce que l’Angleterre avait de plus riche et de plus lettré, ont reconnu pour leur maître, celui qui, sans