Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et grand-vicaire de Poitiers, un religieux bénédictin nommé dom Mazet, etc. ; dans la noblesse : le marquis de Nieul, chef d’escadre des armées navales, le marquis de Mauroy, le marquis de La Rochedumaine ; dans le tiers-état : M. Redon de Beaupréau, maire de Thouars, qui a été plus tard ministre, conseiller d’état, comte et sénateur ; M. Pougeard du Limbert, avocat à Confolens, bientôt élu aux états-généraux, membre du conseil des anciens et préfet sous l’empire ; M. Creuzé de Latouche, lieutenant-général de la sénéchaussée de Châtellerault, nommé aussi aux état-généraux, puis à la convention, et devenu enfin sénateur et membre de l’Institut. Les procureurs-syndics élus furent, pour les deux premiers ordres, un ami de Malesherbes, le baron de Lézardière, père de Mlle de Lézardière, qui achevait alors, au fond d’un manoir isolé, sa Théorie des lois politiques de la monarchie, un des ouvrages les plus savans qui aient été écrits sur nos origines, et pour le tiers-état M. Thibaudeau, avocat à Poitiers, auteur de l’Histoire du Poitou, élu plus tard à l’assemblée constituante et père du conventionnel du même nom, qui devint comte et préfet sous l’empire et qui est mort de nos jours sénateur.

Le Poitou était une des provinces les plus arriérées, surtout pour les communications. Les guerres de religion du xvi° siècle y avaient laissé des traces profondes. On avait entrepris sous Henri IV quelques travaux utiles pour dessécher les marais de la côte ; mais, à partir de la seconde moitié du règne de Louis XIV, on les avait abandonnés. Le port des Sables-d’Olonne, autrefois actif et prospère, s’était tout à fait encombré ; la mer avait même détruit une partie de la ville. Depuis vingt ans, les signes d’une activité nouvelle commençaient à se montrer. Le port des Sables sortait de ses ruines ; de nouveaux desséchemens rendaient à l’agriculture des milliers d’hectares. Un intendant, M. de Blossac, venait de doter la ville de Poitiers d’une magnifique promenade. Quatre routes de première classe, de Paris en Espagne, de Poitiers à Bordeaux, de Poitiers à La Rochelle et de La Rochelle à Nantes, se terminaient sur une longueur de quatre-vingts lieues de 2,000 toises ; seize routes de seconde classe, douze de troisième, étaient commencées. La généralité avait alors en tout 700 kilomètres de routes ouvertes ; elle en a aujourd’hui plus de 7,000.

Rien ne prouve mieux le véritable état de la France en 1787 que ce qui se passa dans cette province, Les procès-verbaux attestent qu’on y était prêt pour l’exercice des droits politiques. Non-seulement l’assemblée provinciale se montra dès le premier jour à la hauteur de sa tâche, mais les assemblées secondaires d’élection purent se former aisément et marcher avec ensemble. « Notre inexpérience