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fut pas même arrêté, et parvint ainsi à sauver son immense fortune, qui a passé à ses héritiers. Le duc de Praslin et le comte son fils siégèrent tous d’eux à l’assemblée constituante et y votèrent avec le parti La Fayette ; c’est ce comté devenu duc de Praslin qui fut expulsé de la chambre des pairs après le second retour des Bourbons, et qui y rentra sous le ministère Decazes. le marquis de Juigné, élu avec ses deux frères, prit une attitude opposée et vota avec le côté droit. Quant au baron de Menou, il fut, avec le duc de Luynes, au nombre des 47, et s’associa constamment aux mesures les plus révolutionnaires. À la clôture de l’assemblée, il reprit du service ; après avoir combattu en Vendée pour la république, il partit pour l’Égypte avec Bonaparte, prit le commandement de l’armée après l’assassinat de Kléber, embrassa ou peu s’en faut l’islamisme et se fit appeler Abdallah-Menou ; laissé sans secours d’aucune sorte, il fut forcé de capituler avec le reste de ses troupes, et revint en France, où le premier consul le nomma gouverneur du Piémont, puis de Venise.

Au lieu des paisibles délibérations des assemblées provinciales, le Maine et l’Anjou virent bientôt toutes les horreurs de la guerre civile. Les villes embrassèrent avec violence le parti de la révolution ; les campagnes se soulevèrent au nom de Dieu et du roi. Que de fois, au bruit lugubre des fusillades, on dut regretter le moment où les deux partis, rapprochés et confondus, s’exerçaient par des concessions mutuelles à l’usage en commun des droits politiques !

IV. — POITOU.

La généralité de Poitiers comprenait les anciennes provinces de Poitou et de Vendée, ou les trois départemens actuels de la Vienne, de la Vendée et des Deux-Sèvres avec une portion de la Charente. Elle se divisait en neuf élections, qui forment aujourd’hui douze arrondissemens, Poitiers, Niort, Saint-Maixent, Fontenay, Thouars, Châtillon, les Sables-d’Olonne, Châtellerault et Confolens ; les nouveaux chefs-lieux d’arrondissement sont Civray, Montmorillon, Napoléon-Vendée, Bressuire, Melle et Parthenay ; en revanche, Saint-Maixent, Thouars et Châtillon ne sont plus que des chefs-lieux de canton. L’assemblée provinciale du Poitou se composait de 48 membres[1], Le président nommé parle roi était l’évêque de Poitiers, M. de Saint-Aulaire ; après lui venaient l’évêque de Luçon (M. de Mercy), l’abbé de Lentilhac, grand-prévôt du chapitre de Remiremont

  1. Outre les procès-verbaux imprimés à Poitiers en 1788, j’ai consulté avec fruit le Supplément à l’histoire du Poitou, de Thibaudeau, par M. de Sainte-Hermine.