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des plus intéressés par son apanage. Il écrivit au comte de Cossé, son fondé de pouvoir : « Je vous autorise par cette lettre, mon cher comtes à renoncer de droit pour moi, comme vous savez que je l’ai déjà fait de fait, à ces malheureux arbres, et plût à Dieu que je pusse arracher avec eux jusqu’à la moindre racine de discorde ! » On reconnaît là le prince qui, comme président d’un bureau aux deux assemblées des notables, vota l’abolition de la gabelle et la double représentation du tiers aux états-généraux, et qui en 1814 devait donner la charte.

L’assemblée du Maine, réunie au Mans, sous la présidence du marquis de Juigné, lieutenant-général et frère de l’archevêque de Paris, divisa cette province en seize districts. Elle ne put s’entendre avec l’Anjou pour la délimitation des frontières ; une portion de territoire près de La Flèche étant disputée entre ces deux provinces, la question fut soumise au conseil du roi. À cela près, la plus parfaite harmonie s’établit entre les trois assemblées, qui se mirent en communication par lettres.

Ces préliminaires accomplis, l’assemblée générale se réunit de nouveau à Tours le 12 novembre, toujours sous la présidence de l’archevêque ; elle se composait de 48 membres, 16 pour chaque province. L’évêque du Mans, M. de Goussans, siégeait en tête du clergé, l’évêque d’Angers s’étant excusé sur son âge ; dans la noblesse figuraient le marquis de Rochecotte, père du chef vendéen fusillé en 1798, le comte d’Autichamp, père des deux frères de ce nom qui ont joué un rôle si actif dans les guerres de la Vendée, le comte de Tessé, qui devait être élu en 1789 député du Maine aux états-généraux, le marquis de Clermont-Gallerande, qui devait faire partie avec Royer-Collard du comité royaliste établi sous le consulat et qui est mort pair de France en 1823, le baron de Menou, maréchal de camp, dont la singulière histoire mérite d’être racontée à part, et deux conseillers au parlement de Paris possédant des seigneuries dans la généralité, M. Pasquier de Coulans, descendant de l’illustre auteur des Recherches, père du dernier chancelier de France et mort sur l’échafaud en 1793, et M. Goislard de Montsabert, qui devait être arrêté en pleine cour, au mois de mai 1788, avec son collègue d’Éprémesnil, pour sa résistance aux ordres du roi. La liste des membres du tiers-état ne contenait aucun nom saillant.

Pour consacrer l’union des trois provinces, l’assemblée fit faire un sceau qui réunissait leurs armes ; elle décida en outre qu’elle tiendrait alternativement ses sessions dans les trois villes de Tours, d’Angers et du Mans.

Le langage habituel de ses rapports a un caractère d’aigreur assez