Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à part pour se constituer[1]. Celle de Touraine se tint à Tours, sous la présidence du duc de Luynes. Le principal objet de ses délibérations fut la division de la province en districts, car en supprimant les assemblées d’élection, le règlement arrêté par le roi les avait remplacées par des districts, plus nombreux que les élections, et qui devaient n’avoir que quatre administrateurs, un pour le clergé, un pour la noblesse et deux pour le tiers-état : anomalie nouvelle, qui avait le défaut de remanier sans nécessité les circonscriptions établies. La Touraine fut partagée en huit de ces districts, dont chacun avait à peu près l’étendue de quatre de nos cantons, et dont les chefs-lieux furent Preuilly, Loches, Amboise, Tours, Langeais, Chinon, Loudun et Richelieu. L’assemblée passa ensuite aux délibérations ordinaires sur les impôts et les travaux publics ; mais on sent dans les procès-verbaux qu’elle n’a pas un sentiment bien net de ses pouvoirs, le partage avec l’assemblée générale n’étant pas encore suffisamment arrêté. Le duc de Luynes et de Chevreuse, président, descendait du favori de Louis XIII et de la célèbre duchesse de Chevreuse ; il comptait ainsi parmi ses ancêtres le vertueux duc de Chevreuse, l’ami et le confident de Fénelon, Le château de Luynes, siège de son duché-pairie, s’élève sur un rocher isolé, aux bords de la Loire.

En même temps l’assemblée particulière de l’Anjou se réunissait à Angers, sous la présidence du duc de Praslin, fils du ministre de la marine de Louis XV et cousin du célèbre duc de Choiseul. Le comte de Praslin, fils du président, ayant manifesté le désir d’entrer à l’assemblée, celle-ci le nomma à la première place qui vint à vaquer, et, cette place s’étant trouvée dans le tiers-état, il y prit rang sans difficulté. La seule réclamation vint d’un membre du tiers, qui demanda que cette nomination ne tirât pas à conséquence pour l’avenir, et qu’on n’en pût prendre droit pour nommer encore député de cet ordre un gentilhomme ou un ecclésiastique, à moins qu’il n’occupât une place qui le mit dans le cas de représenter réellement le tiers-état. Cette assemblée divisa la province en seize districts, l’Anjou ayant plus d’étendue que la Touraine. Dans le cours de sa session, elle fut saisie d’une difficulté sur la propriété des arbres qui bordaient les routes. Les seigneurs hauts-justiciers prétendaient avoir des droits sur ces arbres, qui leur étaient disputés par les propriétaires riverains. Cette querelle agitait et troublait la province pour un assez pauvre motif. Les seigneurs finirent par y renoncer, sur l’exemple qui leur fut donné par Monsieur, frère du roi, un

  1. Les procès-verbaux de l’assemblée générale ont été imprimés à Tours, et ceux des assemblées particulières dans la capitale de chaque province.