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Il fut nommé en 1789 député de la noblesse de Caen aux états-généraux ; il.y vota avec la minorité, émigra en 1791, et fit campagne dans l’armée des princes ; il prit ensuite du service en Portugal, et parvint au grade de capitaine-général. Il est mort en 1821 gouverneur des Invalides et maréchal de France.

Parmi les autres membres, on peut remarquer, dans le clergé, les évêques de Coutances et d’Avranches, et dans le tiers-état le comte de Vendœuvre, maire de Caen, le marquis de Colleville, maire de Valognes, M. de La Londe, maire de Bayeux, tous gentilshommes remplissant des fonctions municipales, et comme tels se rangeant de bonne grâce dans le troisième ordre. Il serait curieux et instructif de rechercher à ce propos ce que c’était qu’un maire sous l’ancien régime dans la plupart des villes de France ; mais ce travail nous éloignerait de notre sujet, qui est déjà par lui-même bien assez chargé de détails. Les deux procureurs-syndics élus furent, pour les deux premiers ordres, le comte de Balleroy, et pour le tiers-état M. Le Tellier de Vanville, trésorier de France au bureau des finances de Caen ; cette dernière charge donnait la noblesse, mais le titulaire ne songea pas à s’en prévaloir, ainsi que beaucoup d’autres qui se trouvaient dans le même cas.

À propos des travaux publics, un député de la noblesse, le comte de Montsarville, lut un mémoire dont voici les principaux passages : « La jurisprudence locale, en Normandie, condamne les propriétaires bordiers à l’entretien des chemins qui les touchent. Il naît de cette loi des injustices réelles, qui souvent accablent le pauvre sans soulager le riche. Dans un pays comme la Basse-Normandie, où toutes les possessions sont divisées par une infinité de clôtures, où le peuple attaché au sol partage la plus petite succession de son père, la plus grande partie des chemins se trouve avoisinée de ces possessions divisées. Comment exiger de ceux à qui elles appartiennent la réparation et l’entretien de ces chemins ? De quel œil peut-on voir le pauvre, dont les bras seuls assurent la subsistance, forcé de quitter son travail pour s’occuper d’une réparation qui ne peut servir qu’aux riches, qui vendent ou consomment les denrées que ses sueurs ont fait naître ? L’humanité parle plus fort que les lois, l’homme honnête n’ose les invoquer. De là la dégradation des communications, cet objet si précieux et si nécessaire au commerce. Pour remédier à cet abus vraiment révoltant, on propose de mettre les routes d’église à église sur le compte de la communauté, et que les frais en soient pris sur les fonds de la paroisse. Par ce moyen, le riche éloigné, comme le plus pauvre, paierait avec justice sa part d’une dépense qui sert à la communauté. » Sur quoi, non-seulement l’assemblée décida que l’entretien des chemins, au