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progrès à l’entière liberté de ses communications avec l’Angleterre depuis la réunion.

La Normandie souffrait, comme toute la France, d’un fléau qui a maintenant à peu près disparu : des mendians vagabonds infestaient les campagnes, et disputaient aux véritables indîgens des secours souvent arrachés par la peur. Toutes les assemblées provinciales travaillaient à l’extinction de la mendicité ; aucune ne prépara un système aussi complet que celle de Rouen. Un dépôt de mendicité existait déjà dans cette ville ; on le transforma en maison de correction pour les mendians valides. En même temps on concentrait dans une administration unique tous les fonds de secours, sans en excepter ceux des confréries charitables, « restes anciens et inutiles d’une piété mal entendue. »

Il reste aujourd’hui très peu de terrains communaux dans l’ancienne généralité de Rouen, mais ils devaient être alors assez nombreux, à en juger par l’importance que l’assemblée parut attacher à ce sujet. Le bureau du bien public rappela les nombreux édits rendus depuis un siècle pour le défrichement des terres incultes, et en particulier la déclaration royale d’août 1766. « On a fait un calcul, ajoutait-il, dix ans après cette loi ; il a fait découvrir qu’on avait défriché dans vingt-huit provinces du royaume environ quatre cent mille arpens. Ce fait est justifié par les états déposés dans le bureau de l’administration des finances chargé du département de l’agriculture. Par les évaluations les moins hasardées, ces quatre cent mille arpens de terrain défriché ont produit trois millions de setiers de grain à 20 livres le setier, prix moyen depuis 1764, et qui ont conséquemment valu 60 millions de livres. Par quelle fatalité les dispositions d’une loi si précieuse n’ont-elles pas été généralement suivies dans le royaume ? Vous avez parmi vous un citoyen qui a porté ses vues sur l’utilité des défrichemens et qui en a l’expérience. On doit trop aux premiers essais pour ne pas citer ceux qui les ont tentés ; c’est à ce titre que nous nommons M. l’abbé de Foucarmont. »

Le bureau proposait de faire trois parts des communaux, un tiers attribué au seigneur, un tiers exploité en régie au profit des pauvres, et un tiers partagé par feux entre les habitans. L’assemblée n’admit pas immédiatement ces conclusions ; elle aima mieux ouvrir un concours sur la question en promettant au meilleur mémoire un prix. de 400 livres, dont les fonds furent faits par un de ses membres. Ces concours remplissaient alors, pour éclairer toutes les discussions, la fonction actuelle des journaux, et préparaient l’avènement prochain de la liberté de la presse.

Nous trouvons dans un autre rapport des renseignemens curieux