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a formée à Paris, mais nous en possédons déjà une exécutée en grand, près de Louviers, par le zèle et le courage de plusieurs négocians. »

Au second rang venaient les manufactures qui employaient la laine. Leur produit total dans la généralité était évalué à 20 millions de livres. Louviers fabriquait par an 4,400 pièces de draps fins, Elbeuf 18,000 pièces de draps et autres étoffes de qualité inférieure. « Les Anglais, continuait le rapport, n’ont aucunes draperies qui égalent les draps de Louviers et les ratines d’Andelys ; mais Elbeuf ne soutiendra pas, pour ses draps ordinaires, la concurrence des draps de Leeds, appelés draps de Bristol. Toutes nos fabriques de petites draperies, serges, molletons, flanelles, etc., tombent sous la concurrence des nombreuses manufactures de l’Angleterre, qui fabriquent mieux et à meilleur marché. La prépondérance de l’Angleterre dans toutes les draperies communes vient principalement de l’abondance, de la bonne qualité et du prix modéré des laines de son cru. Elle a cependant moins d’avantages que nous du côté du sol et de la température pour l’éducation des moutons ; mais elle y a donné des soins que le succès a récompensés. Nous tirons de l’Espagne des laines préférables à celles d’Angleterre pour nos draperies de première qualité. Le Berri nous fournit une laine fine et courte qui peut acquérir assez d’amélioration pour entrer comme trame dans nos draps de second ordre. C’est à l’acquisition de la laine longue et fine que nous devons surtout nous employer. Les rapports de notre sol à celui de l’Angleterre semblent indiquer la Normandie comme le chef-lieu de cette transplantation. Il ne s’agit que de nous procurer des béliers et des brebis de cette espèce, de bien soigner soit le maintien, soit le croisement des races, et de nourrir ces nouveaux troupeaux à l’air, dans des champs bien clos et cultivés en prairies artificielles. »

La commission passait ensuite en revue les manufactures qui employaient le lin et le chanvre, celles qui employaient la terre et les métaux, celles qui fabriquaient et apprêtaient les cuirs, et elle concluait, avec la chambre de commerce, que la ruine de nos fabriques ne devait pas être l’effet nécessaire de la concurrence nouvellement ouverte, mais que toutes avaient besoin d’améliorations.

Le bureau du commerce, saisi de l’examen de cette question, présenta un nouveau rapport où les conclusions de la commission se trouvaient confirmées. On y insistait sur ces trois points : obtenir la houille à meilleur marché, imiter les machines anglaises, faire venir d’Angleterre des béliers et des brebis à longue laine. L’assemblée provinciale décida qu’il serait établi à Rouen, avec l’approbation du roi, un bureau spécial d’encouragement pour le commerce et les