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clergé se trouvaient l’évêque d’Ëvreux (M. de Narbonne-Lara), les abbés de Foucarmont, de Bellosanne et de Claire-Fontaine, deux vicaires-généraux, l’archidiacre d’Eu, le curé de Gournay et le procureur-syndic des bénédictins ; dans la noblesse, le marquis de Mortemart et le marquis de Cairon, qui furent tous deux élus en 1789 à l’assemblée nationale, plusieurs lieutenans-généraux, un président à la chambre des comptes de Normandie et un président au parlement de Rouen ; dans le tiers-état, M. Lecouteulx de Canteleu, alors premier échevin de Rouen et plus tard député à l’assemblée nationale, membre du conseil des anciens, sénateur et pair de France, le maire du Havre, le maire d’Évreux, des négocians, des propriétaires, etc. L’intendant, M. de Maussion, une des victimes futures de la terreur, remplit les fonctions de commissaire du roi. Les deux procureurs-syndics élus furent, pour la noblesse et le clergé, le marquis d’Herbouville, qui a été sous la restauration directeur-général des postes et pair de France, et pour le tiers-état, l’avocat Thouret, qui devait être bientôt un des membres les plus influens de l’assemblée constituante.

Tous les établissemens publics de Rouen sollicitèrent l’honneur de présenter leurs hommages à l’assemblée provinciale : le corps municipal, la chambre de commerce, la cour des monnaies, l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts, la Société royale d’agriculture. L’Académie des sciences rappela qu’en 1781, au moment de la première retraite de Necker, elle avait proposé pour sujet de prix la question suivante : déterminer les avantages qui devraient résulter pour la Normandie de l’établissement d’une assemblée provinciale. Quant aux deux grandes cours, le parlement et la cour des comptes, qui ne pouvaient voir sans jalousie l’institution nouvelle, l’assemblée leur envoya une députation pour les complimenter ; elles répondirent aussitôt. « La cour de parlement, disait l’une, s’est empressée d’enregistrer l’édit sur les assemblées provinciales ; il n’est point de vœux qu’elle ne forme pour le succès de vos nobles et généreux travaux, et elle unira son zèle au vôtre pour y concourir de toute son autorité. — La cour des comptes, disait l’autre, ne peut que se féliciter de ce que la nature des affaires dont nos rois lui ont confié la connaissance tende à lui procurer les relations les plus particulières avec l’assemblée provinciale ; cette assemblée offre le spectacle attachant de ce que la religion a de plus vénérable, de ce que le royaume a de plus précieux, de ce que la patrie a de plus utile parmi les principaux membres de chaque ordre. » Il n’est pas sans importance de constater ces démonstrations, qui prouvent que l’opposition des cours souveraines, si violente sur quelques points, ne fut pas la même partout.