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LE
GOUVERNEMENT CONSTITUTIONNEL
ET
LES PARTIS EN PRUSSE

Un éminent publiciste d’outre-Rhin a dit dans ses mémoires : « J’ai constaté qu’après toutes les grandes guerres en Allemagne, l’aristocratie redevient aussitôt puissante. C’est là ce qu’on a vu après la guerre de trente ans, après la guerre de sept ans, après la guerre de l’indépendance (1813). Immédiatement après cette dernière guerre, le pouvoir de la noblesse en Prusse se releva pour aller dès lors toujours en augmentant… » Ces mots résument en quelque sorte l’histoire de la politique intérieure de la Prusse depuis 1815 jusqu’à nos jours. Que le parti féodal s’empare des rouages bureaucratiques et militaires comme sous le règne de Frédéric-Guillaume III, ou qu’il se ligue avec les ultra-protestans ou piétistes, comme il l’a fait pendant la première moitié du règne de Frédéric-Guillaume IV, on le retrouve toujours faisant la guerre à tout ce qui gêne sa domination, au trône même, lorsque cela est nécessaire pour sa cause. Dans cette longue lutte, le parti libéral a remporté déjà de remarquables avantages, un surtout qui renferme tous les autres : son adversaire a été forcé de renoncer à s’appuyer sur l’absolutisme et de combattre l’esprit libéral par les moyens que fournit la liberté, c’est-à-dire par la presse et la tribune.

On ne peut ici qu’indiquer les étapes que la Prusse a dû parcourir depuis quarante ans pour figurer au nombre des monarchies parlementaires. Les diètes provinciales créées par Frédéric-Guillaume III pour éluder là réalisation des promesses libérales de 1815 furent