Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entreprises, et l’on travaille à les achever avec la plus louable énergie. Les capitales des présidences doivent chacune devenir le point d’attache d’un réseau important de chemins de fer qui rayonneront vers les provinces de l’intérieur, et se rejoindront sur les riches plateaux du centre. La grande ligne ferrée de Calcutta à Delhi, qui se prolongera tôt ou tard pour devenir l’une des principales voies internationales de l’ancien continent, est déjà terminée jusqu’à Monghyr, à 450 kilomètres de Calcutta ; dans quelques mois, elle atteindra Bénarès la sainte, située à 400 kilomètres plus loin ; dans un an, elle aura traversé plus de la moitié de la péninsule sur une longueur de 1,600 kilomètres, et commencera à projeter ses embranchemens au sud et au nord. La principale voie ferrée du réseau méridional de l’Hindoustan, ouverte déjà dans presque toute sa longueur, doit être prochainement inaugurée d’une mer à l’autre, de Madras à la Beypoor, voisine de l’ancienne Calicut. Au nord-ouest de la péninsule, un autre chemin de fer très important, qui jouera pour les régions du Pendjab le même rôle que le chemin de Calcutta à Delhi pour celles du Gange, réunit le port si florissant de Kurachie à la cité de Kotrie, située sur les bords de l’Indus, et reçoit l’immense trafic de ce fleuve et du Pendjab. Dans cette province, plus de 200,000 hectares sont consacrés à la culture du cotonnier, et en 1860 on pouvait encore s’y procurer la fibre à 40 centimes le kilogramme.

Diverses compagnies s’occupent de la construction d’autres lignes de chemins de fer, toutes fort importantes pour la prospérité générale de l’Hindoustan ; mais le réseau dont l’achèvement complet tient le plus à cœur à l’Angleterre est celui qui, prenant son point d’attache à Bombay, rayonne vers Baroda, Surate, Pounah, Sholapore, Nagpore, et traverse les districts cotonniers par excellence du Kandeïsh, du Bérar, du Deccan. Une fois terminé, ce réseau, qui doit se relier dans quelques années, d’un côté aux chemins de fer partis de Calcutta, de l’autre à ceux de la présidence de Madras, pourra faire converger vers Bombay la plus grande partie des produits agricoles de l’Hindoustan, et principalement les cotons. Déjà il commence à ne plus suffire à son trafic, et ce commerce sera peut-être doublé dès le printemps de 1862, lorsque la chaîne des Ghâts, qui opposait encore une barrière au chemin de fer, sera percée par une suite de tunnels et de tranchées à fortes rampes. En même temps le fleuve Godavery, qui arrose aussi la terre promise du cotonnier, sera en partie débarrassé de ses dangereux écueils, les bateaux à vapeur le remonteront jusqu’au centre de la péninsule, et l’on pourra ainsi expédier le coton en Angleterre par deux voies rivales dont la concurrence maintiendra le bon marché