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France. Il nous semble qu’on aurait pu être un peu moins large et abréger les délais. En 1857 aussi, on remania les chartes de nos compagnies de chemins de fer, et le délai qu’on leur imposa alors pour l’exécution de leurs dernières concessions, de ce qu’on a appelé le réseau secondaire, ne dépassera pas en moyenne huit ans.

En 1865 donc, la plus grande partie de nos départemens, pour ne pas dire la totalité, seront traversés par des chemins de fer, et entreront en communication avec tous les points que ces chemins desservent. Nous admettrons, si l’on veut, que l’intérêt peut être plus considérable et plus urgent en ce qui concerne l’établissement d’un chemin de fer qu’en ce qui concerne celui d’une succursale de la Banque de France ; cependant s’il est vrai que l’établissement d’une banque privilégiée ait pour effet non-seulement de rendre le crédit plus facile, mais encore moins cher, nous ne voyons pas que l’intérêt soit beaucoup moindre dans un cas que dans l’autre.

Les facilités du crédit et le bon marché du capital jouent dans le développement de la richesse publique un rôle peut-être aussi actif, sinon plus actif, que les facilités et l’abondance des communications. On pouvait d’autant mieux se presser pour l’organisation des succursales de la Banque dans chaque département que l’œuvre était plus aisée. Pour arriver à l’exécution de leur réseau secondaire, c’est-à-dire dès 8 ou 10,000 kilomètres concédés et encore à construire en 1857, les compagnies se trouvaient dans la nécessité d’emprunter environ 2 milliards 1/2 en huit ans, et cela lorsqu’elles étaient jeunes encore et que leur crédit était à peine assis, tandis qu’avec la Banque de France il s’agit d’un établissement qui existe déjà depuis plus d’un demi-siècle, qui a les bases les plus solides et le crédit le mieux établi. On le pouvait d’autant mieux encore qu’il y aura toujours une différence sensible entre les charges qui résulteront pour la Banque de l’établissement d’une succursale dans chaque département et celles qu’auront à supporter les compagnies pour y faire pénétrer un chemin de fer. Tout le monde prévoit le moment en 1865 où l’influence du réseau secondaire viendra enlever une partie notable du bénéfice du réseau principal, tandis que c’est à peine si l’établissement par la Banque de succursales dans les pays les moins favorisés, lui impose quelques sacrifices. Le dernier rapport nous apprend que, sur les quarante-neuf succursales qui existaient à la fin de 1860, cinq seulement se trouvaient en perte pour un total s’élevant à 31,362 francs. Nous le répétons, on aurait pu se montrer moins large dans les délais accordés à la Banque de France pour l’établissement d’une succursale dans chaque département, et, à défaut.de cette prévoyance de la part du gouvernement,