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et les faire capituler. La France a dû se charger elle-même du soin de protéger ses nationaux. Nous souhaitons que notre politique n’aille point au-delà, et que nous nous mêlions le moins possible de fonder au Mexique une nouvelle monarchie. Nous courrions à ce métier de faiseurs de rois le risque de nous plonger dans d’interminables embarras. Puis des expéditions telles que celle que nous entretenons au Mexique coûtent cher. Nous en sentons le prix aux charges de la dette flottante. Si nous nous engagions davantage dans ce système de petites expéditions lointaines, il faudrait bien en venir, comme le proposait un député dans la dernière discussion du corps législatif, à faire l’emprunt des petites guerres.

Cette discussion a conduit à la réalisation d’une des premières mesures proposées par M. Fould, la conversion facultative du 4 1/2 en 3 pour 100. Nous avons déjà dit notre sentiment sur cette conversion, et les débats du corps législatif ne l’ont pas modifié. À nos yeux, une conversion, lorsqu’elle est tentée au milieu de conditions financières qui en promettent le succès, doit être toujours accueillie avec faveur par l’opinion libérale. Deux intérêts sont en présence dans toute conversion, l’intérêt général des contribuables et du public et l’intérêt des rentiers. Il est naturel que la convenance des rentiers, leurs droits légitimes étant sauvegardés, cède à la convenance du public, et que l’état ne néglige pas de réaliser au profit des contribuables des économies sur le service de sa dette. Outre l’avantage des économies, une mesure de conversion peut être utile, au point de vue général, par l’influence qu’elle doit exercer sur l’abaissement du loyer des capitaux. Enfin il est encore d’un intérêt général de ramener par des conversions la représentation du crédit de l’état vers un fonds unique, celui qui est établi sur le taux d’intérêt le plus bas et qui est le plus éloigné du pair. Parmi ces divers avantages, celui que la conversion actuelle ne réalise pas suffisamment à notre gré, c’est le premier. La conversion facultative du 4 1/2 en 3 moyennant le paiement d’un appoint de 5 fr. 40 c. par 4 1/2 de rente ne procure pas une ressource assez importante au trésor. C’était là le point qui prêtait à la critique, et sur lequel nous eussions aimé à voir se concentrer la discussion à la chambre des députés. La critique à cet égard n’eût point porté sur M. Fould. Le ministre des finances s’est proposé un grand bût, relever le crédit public : avec la concurrence que le 4 1/2, menacé, à partir du mois prochain, de remboursement ou de réduction, faisait au 3 pour 100, tout essor immédiat était interdit au crédit public. M. Fould a donc été obligé d’attaquer immédiatement et résolument l’obstacle du 4 1/2. Nous supposons qu’il n’eût pas mieux demandé que de pouvoir obtenir des rentiers l’abandon d’un- neuvième de leur revenu au lieu d’une soulte qui n’en représente pas tout à fait le dix-huitième ; mais, pour avoir le droit d’être aussi exigeant, il eût fallu que M. Fould eût trouvé le 3 à un cours supérieur à 75 et le 4 1/2 au-dessus du pair. La modestie des conditions de la conversion actuelle provient donc de la langueur même du crédit public, que le ministre des finances a pour mission