Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/990

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UN RECUEIL
DE
RÊVERIES PROTESTANTES

VESPER, par l’auteur des Horizons Prochains ; Paris, 1 vol., 1861.

Voici le plus joli livre qui ait encore paru dans cette saison d’hiver. Il se présente revêtu d’une robe de couleur émeraude, la couleur de l’espérance et de la religion protestante, ainsi que nous l’avons expliqué autrefois, lorsque nous avons parlé des livres précédens de l’auteur. Il possède un titre poétique, gai et attendrissant à la fois, Vesper, et porte pour épigraphe ces deux vers de Dante, qui lui composent une devise admirablement appropriée à son caractère et à son écusson :

Era gia l’ora che volge il disio,
A naviganti, e’ntenerisce il cuore.

« Il était déjà l’heure qui attendrit les cœurs de ceux qui vont sur mer et qui y remue les regrets désireux… » De même que les tercets merveilleux qui ouvrent le huitième chant du Purgatoire, et d’où ces deux vers sont extraits, ce petit livre exprime toute la poésie des heures du soir. Lui aussi, il est fait pour attendrir les cœurs purifiés par le purgatoire de la vie et pour remuer dans les âmes religieuses le regret de la patrie absente. Il raconte dans un double sens, moral et naturel, les sentimens et les rêveries du soir, soir de la journée et soir de la vie. C’est là son caractère et son cachet propre, ce qui distingue la musique charmante et rare qu’il nous fait entendre de la musique que nous avaient fait entendre ses aînés.