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LA
FILLE DU ROI BRUCE
RECIT DE LA VIE BOHEME

Friends of Bohemia, by E. M. Whitty.[1]

— Que n’avez-vous encore un jour à perdre ? me dit le docteur Paul E… au moment où nous arrivions à la gare du chemin de fer.

— Eh bien ! répondis-je, quand cela serait ?…

— C’est qu’alors, au lieu de nous séparer en route, nous prendrions tous deux nos billets pour Beechton.

— Qu’est-ce donc que Beechton ?

— Une fort jolie résidence dans un assez plat pays, le comté de Stafford. Nous y passerions quelques bonnes heures, et vous y seriez présenté à une femme vraiment remarquable, miss Mary Dasert.

— Hé mais ! permettez donc, cher docteur ; ce nom-là ne m’est pas absolument inconnu. Ne se rattache-t-il pas d’une assez étrange façon à celui de lord Slumberton ?

— Vous l’avez dit ; mais à votre accent je vois bien que vous ne connaissez pas l’histoire de ces deux personnages. Chemin faisant, c’est-à-dire si vous consentez à m’accompagner, je vous la raconterai. Est-ce convenu ?

  1. Publié chez MM. Smith Elder and C°, Londres. — ; Le récit qu’on va lire, — simple épisode isolé et ramené aux proportions ordinaires de la nouvelle, — nous a paru compléter l’analyse par laquelle nous avons déjà essayé de recommander l’œuvre anglaise qui en a fourni la donnée. Nous usons encore ici d’un procédé qui, sans empêcher l’intervention de la critique, et lui venant au contraire en aide, permet d’étudier certaines productions étrangères dans leur mouvement et dans leurs formes originales.