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Magistrat éminent, il a le respect du droit et la religion du serment. Enfin la carrière civile qu’il a parcourue le rattache aux intérêts de la civilisation moderne, dont les représentans de l’aristocratie militaire autrichienne ne passent pas en général pour avoir l’aptitude et le goût.

La majorité qui soutient la politique ministérielle a manifesté ses sentimens dans la première adresse en réponse au discours du trône, et surtout dans celle qui a été présentée après la communication faite au parlement des mesures prises contre la diète hongroise. Si la situation de parlement restreint que lui a faite l’absence des députés hongrois, transylvains et croates n’a pas permis au Reichsrath de voter un plus grand nombre de lois, la première session cependant n’a pas été stérile. À défaut de lois, on a étudié dans des commissions toutes les propositions du gouvernement, et sur ce terrain neutre les querelles de nationalité se sont éteintes. Les principes de la liberté des cultes, de la liberté de l’instruction, de la liberté de la presse même, ont provoqué des manifestations décisives[1]. On peut citer parmi les lois présentées celle qui tend à l’abolition des fiefs, c’est-à-dire des terres provenant de dons royaux et soumises à certaines conditions d’hérédité et de retour, la loi sur la banqueroute, le code pénal, et surtout la loi de l’organisation des communes, qui a pour objet de régler la situation des grandes propriétés absorbant souvent et au-delà le territoire d’une commune, mais qui ne retranche rien des libertés électorales et administratives insérées dans la loi qui règle les nominations pour les diètes locales. L’initiative individuelle des députés a donné lieu à des propositions sur la liberté des personnes et la protection du foyer domestique ; enfin l’édit de religion, s’il était adopté, sauvegarderait tous les droits de l’autorité temporelle dans un pays même que le dernier concordat a si fortement agité.

Dans l’état de transition et d’attente qu’il a traversé, le rôle du Reichsrath a dû cependant se trouver amoindri et pour ainsi dire suspendu. Il deviendra tout autre et entièrement conforme à l’étendue de ses prérogatives dès que le nombre de ses membres sera complété, ou lorsqu’au refus motivé des absens le conseil de l’empire aura pris la résolution d’exercer le pouvoir législatif dans toute sa souveraineté. Dans quel sens le problème encore indécis se résoudra-t-il, et quel sera le résultat de la seconde session qui vient de se rouvrir le 4 novembre 1861 ?

  1. Les propositions du gouvernement pour la loi sur la presse et les journaux feraient envie à plus d’un pays qui passe pour jouir d’un régime de liberté. Le régime des autorisations est supprimé et remplacé par un cautionnement qui, pour les villes les plus considérables, s’élève à 8,000 florins.