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entente précieuse par elle-même et surtout par l’exemple donné. La libération du sol qui appartient à l’état, et qui devrait être partagé entre les familles des régimens, présenterait sans doute quelques difficultés ; l’Autriche a cependant réalisé déjà des mesures de ce genre. La dislocation des régimens-frontières dans leur forme actuelle amènerait peut-être une réduction momentanée de l’effectif militaire ; mais de nouveaux régimens remplaceraient par d’autres qualités l’avantage du nombre que présentent les troupes croates, et cette réduction provisoire de l’armée serait en, même temps le meilleur gage que le gouvernement impérial pût offrir de ses intentions libérales et pacifiques. Peut-être n’était-il pas opportun de différer une mesure que l’intérêt de la civilisation réclame à tous les points de]vue, et devrait-on au contraire terminer par là cette question croate, qui en elle-même ne contient pas de sérieux dangers, mais qui, ajoutée à tant d’autres, crée des embarras, et dont la solution pacifique influerait aussi beaucoup sur la solution de la question hongroise.

La diète croate avait clos sa session par l’envoi d’une adresse à l’empereur le 7 septembre 1861. Le 12 novembre, le ban de Croatie a donné à la diète convoquée à cet effet et immédiatement prorogée lecture d’un rescrit impérial qui, sur la question des confins militaires, se borne à déclarer que le gouvernement maintiendra le système actuel en vigueur, mais néanmoins tiendra compte dans la limite du possible des vœux des habitans appuyés par la diète. Quant à la Dalmatie au contraire, l’empereur s’engage, aussitôt que la position légale de la Croatie et de l’Esclavonie vis-à-vis de la monarchie sera réglée d’une manière satisfaisante, à inviter la Dalmatie à envoyer des délégués à la diète d’Agram pour délibérer sur les moyens de relier étroitement toutes les parties du royaume triple et un. De ces paroles, suivies par la promesse de convoquer prochainement la diète, il est permis de conclure que le gouvernement impérial est décidé à payer l’envoi de députés à Vienne par une satisfaction complète donnée dans un temps plus ou moins rapproché aux prétentions de la Croatie.

Il faut arriver enfin au conseil de l’empire lui-même. Les incidens dont toutes les assemblées provinciales furent le théâtre vinrent nécessairement se refléter au sein du parlement de Vienne. Chose singulière, ce Reichsrath sur lequel repose tout l’édifice nouvellement élevé, dont l’existence a formé la principale préoccupation des diètes locales, dont le nom animait tous leurs débats, ne parvint pas à exciter à Vienne même un bien vif sentiment de curiosité. Peu de personnes se résignèrent à suivre des séances généralement ternes et sans vie. Ce fut pourtant un jour solennel, destiné