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et politique du pays ; 2° la reconnaissance de l’égalité des cultes, l’abolition des mesures restrictives prises contre les Israélites ; 3° la suppression de tout titre de possession ayant une analogie avec les fiefs, mais moyennant indemnité et rachat.

Ainsi, au moment suprême où une déclaration de guerre pour ainsi dire était lancée par elle, la diète de Pesth se proposait de suivre vis-à-vis des nationalités coexistantes sur le sol hongrois la même politique qu’elle reprochait à l’Autriche de pratiquer à son égard, et dans son acte de volonté dernière elle ne trouvait d’autres mesures sociales à promettre pour l’avenir que celles-là mêmes que le gouvernement autrichien avait adoptées récemment.

La dissolution de la diète hongroise fut immédiatement suivie d’actes également significatifs. Nous avons déjà parlé des élémens contraires dont se composait l’administration des comitats ; les autorités issues de l’élection, les vice-gespän, véritables dépositaires du pouvoir, avaient dû manifester des opinions plus avancées que les obergespän, choisis par le souverain. Pour calmer les défiances populaires, ceux-ci s’étaient empressés, il est vrai, de déclarer leur résolution formelle de ne point se séparer de leurs compatriotes dans la lutte ; mais, plus encore qu’au sein de la diète, les moyens extrêmes prévalaient dans les comitats. Lorsque la diète négociait encore avec le gouvernement autrichien, les comitats avaient déjà déclaré traître à la patrie quiconque acquitterait l’impôt, que la diète hongroise avait seule qualité pour voter. Aucun propriétaire n’osait, sans l’excuse de la présence des garnisaires, acquitter sa part de contributions. Une fois la diète dissoute, le gouvernement autrichien rendit publique la résolution de faire rentrer les sommes dues. Il suffit d’une simple démonstration pour qu’à Pesth même les recettes fussent opérées sans retard. Le nouveau chancelier de Hongrie, le comte Forgach, successeur du baron Vay, démissionnaire, profita d’un acte illégal de quelques comitats, celui de Pesth entre autres, pour les remplacer par des commissions nommées par l’autorité centrale, auxquelles recommandation expresse fut adressée de respecter autant que possible les usages du pays, mais de le délivrer de la pression exercée par les opinions extrêmes sur une grande partie de la population. Cette mesure, étendue à tous les comitats qui protestèrent contre la dissolution de la diète, amena la retraite des fonctionnaires hongrois. La question du recrutement provoqua aussi des marques d’opposition légale, parmi lesquelles il faut citer la protestation du cardinal-primat de Hongrie. En même temps que les fonctionnaires administratifs cessaient leurs fonctions, les autorités judiciaires menaçaient d’interrompre les leurs. L’anarchie, qui s’était tout d’abord établie par le conflit de deux jurisprudences,