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a été réunie à la Hongrie. On a dû par conséquent réorganiser l’administration supérieure, et l’empereur a nommé le 7 novembre chancelier de Transylvanie le comte François Nadasdy, qui, lors de la réorganisation des comitats de Hongrie, avait donné sa démission de ministre de la justice. On a paru même pendant quelques momens décidé à retarder indéfiniment l’ouverture de la diète et à faire procéder directement à la nomination des députés au Reichsrath de Vienne sans l’intermédiaire de l’assemblée de Transylvanie. Enfin, et grâce à l’impulsion énergique du nouveau chancelier, la convocation des cent cinquante membres de la diète transylvaine est définitivement résolue. Dans le cas où les efforts du gouvernement impérial réussiraient à décider les Roumains à se choisir des représentans, il ne restera donc plus en dehors du parlement viennois que les députés hongrois et croates, si toutefois les difficultés qui existent entre l’Autriche et la Hongrie ne peuvent se résoudre par voie amiable.

Ce sont ces difficultés dont nous voulons enfin aborder l’examen, en lui donnant les développemens qu’il comporte. La question polonaise et la question bohème peuvent en effet créer quelques embarras au gouvernement, mais elles ne présentent point de dangers sérieux. Le public européen l’a compris en n’accordant pas une attention particulière aux réclamations de la Bohême, en ne comprenant pas dans le douloureux problème posé à Varsovie la question polonaise restreinte à la Galicie. Il en est tout autrement de la question hongroise, à laquelle se rattachent les questions croate, dalmate et transylvaine. Après des alternatives diverses, des espérances prises et perdues de solution pacifique, le différend austro-hongrois semble toujours gros d’événemens, et mérite qu’on s’y arrête. En tout cas, le spectacle singulier de l’énergique obstination avec laquelle un peuple libéral comme le peuple magyar persiste à se tenir entièrement distinct de l’Autriche devenue constitutionnelle est de nature à frapper vivement les esprits et à inspirer des doutes sur la solidité du nouvel édifice.


II. — LA DIETE DE PESH.

Lorsque, dans le conseil d’état renforcé de 1860, l’on vit les magnats hongrois convoqués par l’empereur François-Joseph répondre avec loyauté à l’appel de leur souverain et revendiquer avec fermeté, mais sans violence, les droits de leur pays, on ne pouvait guère s’attendre à ce que, quelques mois plus tard, ce pays tout entier se soulèverait contre les satisfactions obtenues, les qualifierait de dérisoires, et pousserait le mécontentement jusqu’à déclarer rompus tous liens entre la Hongrie et son souverain. Telle est pourtant,