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maximes et les actes de la révolution française. « La seule idée de fabriquer un nouveau gouvernement suffit pour nous remplir de dégoût et d’horreur. Nous avons toujours souhaité dériver du passé tout ce que nous possédons, comme un héritage légué par nos ancêtres. » Nos titres ne flottent pas en l’air dans l’imagination des philosophes ; ils sont consignés dans la grande charte. « Nous réclamons nos franchises, non comme droits des hommes, mais comme droits des hommes de l’Angleterre. » Nous méprisons ce verbiage abstrait, qui vide l’homme de toute équité et de tout respect pour le gonfler de présomption et de théories. « Nous n’avons pas été préparés et troussés, comme des oiseaux empaillés dans un muséum, pour être remplis de loques, de paille et de misérables chiffons de papier sali à propos des droits de l’homme[1]. » Notre constitution n’est pas un contrat fictif de la fabrique de votre Rousseau, bon pour être violé tous les trois mois, mais un contrat réel par lequel roi, nobles, peuple, église, chacun tient les autres et se sent tenu. La couronne du prince et le privilège du noble y sont aussi sacrés que la terre du paysan ou l’outil du manœuvre. Quelle que soit l’acquisition ou l’héritage, nous respectons chacun dans son acquisition ou dans son héritage, et notre loi n’a qu’un objet, qui est de conserver à chacun son bien et son droit. « Nous regardons les rois avec vénération, les parlemens avec affection, les magistrats avec soumission, les prêtres avec respect, les nobles avec déférence. Nous sommes décidés à garder une église établie, une monarchie établie, une aristocratie établie, une démocratie établie, chacune au degré où elle existe et non à un plus grand. » Nous révérons la propriété partout, celle des corporations comme celle des individus, celle de l’église comme celle du laïque. Nous jugeons que ni un homme ni une assemblée d’hommes n’a le droit de dépouiller un homme ni une assemblée d’hommes de ce qui est son bien authentique et son héritage transmis. « Il n’y a pas un personnage public dans ce royaume qui ne réprouve la déshonnête, perfide et cruelle confiscation que votre assemblée nationale a été contrainte d’exercer sur votre église. » Nous ne souffrirons jamais que chez nous le domaine établi de la nôtre soit converti en une pension qui la mette dans la dépendance du trésor. Nous avons fait notre église, comme notre roi et notre noblesse, indépendante ; « nous voyons sans chagrin ni mauvaise humeur un archevêque précéder un duc, un évêque de Durham ou de Winchester posséder 10,000 livres sterling de rente. » Nous répugnons à votre vol, d’abord parce qu’il est un attentat à la propriété, ensuite parce qu’il est une tentative contre la

  1. Burke, Appeal from the new to the old whigs.