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réellement que depuis 1855, date de sa majorité, a été emporté dans la fleur de la jeunesse par une maladie aussi soudaine qu’inexorable. Il n’avait pas eu le temps encore de marquer son règne par des actes décisifs ; mais en lui s’était révélé tout d’abord un prince doué d’une précoce sagesse, sincèrement libéral, sérieusement préoccupé des intérêts de son pays, plein d’une touchante sympathie pour son peuple. Il eut à faire face, il y a deux ans, à un moment difficile, lorsque la fièvre jaune s’abattit sur Lisbonne, et il traversa cette épreuve avec une mâle et simple fermeté, allant au chevet des malades, relevant les courages, donnant par sa conduite un exemple qui n’était pas toujours suivi. Le malheur ne cesse depuis quelques années de poursuivre la famille royale portugaise. Dom Pedro, peu après son avènement, avait épousé une princesse allemande, qui gagnait rapidement tous les cœurs, et en quelques mois cette princesse s’éteignait. Aujourd’hui c’est le roi lui-même, et il a été précédé dans la tombe par un de ses frères, mort quelques jours avant lui. Le nouveau souverain est le duc de Porto, plus jeune que dom Pedro d’une année seulement, et qui donne, dit-on, les mêmes espérances d’un libéralisme sérieux. C’est donc un nouveau règne qui commence à l’improviste dans ce petit pays, qui mérite d’être plus connu qu’il ne l’est de l’Europe, et qui peut rapidement grandir sous un gouvernement actif et intelligent.


CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.

LA FLOTTE AUTRICHIENNE EN 1861.


Tous les progrès modernes dans l’architecture navale et l’artillerie ont sans contredit augmenté l’importance des marines secondaires, la vapeur a surtout contribué à produire ce résultat : avec elle, les blocus effectifs sont devenus à peu près impossibles ; une frégate à grande vitesse peut toujours s’échapper d’un port quelconque et causer, avant sa destruction ou sa capture, de grands dommages à l’ennemi, quelque puissant qu’il soit sur mer. Les bâtimens blindés sont plus favorisés encore : avec un bon pilote et un hardi capitaine, un de ces navires parcourra les côtes ennemies, entrera même dans les rades et dans les fleuves ; il détruira tout sur son passage. Que lui opposer ? Il passe sans dommage sous le feu des batteries les plus puissantes, il brise sans efforts les chaînes et les estacades. Combien faudra-t-il de ses pareils pour l’arrêter ? Il n’est vulnérable que quand le charbon lui manque. Son équipage est facile à former : des canonniers, des mécaniciens, des chauffeurs, gens que l’on trouve en tout pays où il y a une armée et une industrie ; quelques matelots pour le service des embarcations et la manœuvre d’un reste de voilure que l’on abandonnera dès que la confiance dans les machines sera plus complète. Toutes les nations ayant un coin de