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allemand qui a épousé avec le plus de vivacité les doctrines du parti unitaire, une proposition de réforme fédérale eût dû, ce semble, être formulée avec une netteté hardie. Il n’en a pourtant rien été. Le représentant du duc a parlé avec chaleur des vœux que forme la nation allemande, il a célébré la justice de ces vœux, il a déclaré qu’il était urgent d’y faire droit ; mais du système qui, suivant lui, réaliserait la réforme de la confédération que poursuit la nation allemande, il n’a rien dit. Il s’est borné à faire appel, pour la rédaction d’un plan de réforme, à la sagesse et aux soins des grands gouvernemens. C’est par trop vague. On comprend d’ailleurs qu’il est malaisé de définir ce qu’on entend par la nation allemande, quand il s’agit d’une nation composée d’élémens si variés et partagée en trente-cinq états. La presse allemande, même celle qui demande avec raison, croyons-nous, une réforme fédérale, est loin d’aborder cette question avec des vues uniformes. La presse unitaire, celle qui fait en ce moment le plus de bruit, prétend que la nation entière veut l’unité avec un parlement et un pouvoir central dirigé par la Prusse à l’exclusion de l’Autriche. Les journaux du parti de la grande Allemagne soutiennent avec non moins de force que la nation aspire à l’union, à certains égards même à l’unité, mais qu’elle se contenterait d’une forme fédérale qui satisferait à ces désirs sans pourtant sacrifier l’autonomie des états divers à la suprématie d’un état particulier. La grande Allemagne ne veut pas consentir à l’exclusion de l’Autriche, laquelle ne fait pas mine d’ailleurs de vouloir se laisser mettre hors de l’Allemagne. Il y a là, comme on voit, les germes d’une lutte entre ce que l’on appellerait aux États-Unis des unionistes et des confédérés. Si l’Allemagne appartenait aux journaux qui la représentent, ou ne tarderait pas à y voir éclater aussi une guerre entre le nord et le sud. Heureusement pour elle, il ne s’agit encore et il ne s’agira probablement jamais que d’une controverse spéculative. Elle est loin de pouvoir rétablir ou briser l’union, comme on y travaille dans l’Amérique du Nord. Les périls constitutionnels que court la confédération paraissent si peu prochains qu’il y a une puérilité maladroite de la part de certains petits états à interdire la circulation des feuilles unitaires : étroites vexations, qui ne peuvent que donner l’apparence d’une force plus grande que celle qu’elles possèdent à des doctrines qui paraissent si peu mûres, et qui sont par conséquent si peu redoutables. e. forcade.




ESPAGNE ET PORTUGAL

La vie publique est une lutte perpétuelle, et ce qui peut surprendre, ce n’est pas qu’un peuple engagé dans ces laborieuses aventures qui sont surtout le propre de notre temps ne résolve pas en un jour et pour toujours le problème de la conciliation de tous ses intérêts. Depuis que l’Espagne s’est mise à la recherche d’un bon gouvernement, dans les conditions des