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temps à Turin ne tiendront donc pas devant le parlement. Nous croyons savoir que M. Rattazzi a quitté Paris décidé à donner son concours au baron Ricasoli sous la forme que les circonstances exigeront, soit comme président de la chambre des députés, soit comme son collègue dans le cabinet, s’il est nécessaire de fortifier le ministère par l’adjonction d’un homme de son importance.

La saison parlementaire est ouverte. Dans plusieurs pays constitutionnels, les chambres sont réunies. Un parlement qui se met de bonne heure à la besogne est celui de Belgique. Le roi Léopold a inauguré la session législative. On a pu pressentir par le discours du roi que la rentrée de M. Frère-Orban a porté ses fruits : la session s’annonce comme devant être très utilement laborieuse. Un grand nombre de réformes sont promises. Nous citerons parmi ces réformes la révision de la loi sur la conscription, réclamée depuis longtemps par les chambres et par la presse, et la révision de la contribution personnelle. M. Frère avait présenté, il y a dix ans, sur la contribution personnelle, un projet de loi qui vint échouer contre une opposition composée de presque toute la droite et d’un certain nombre de libéraux très riches que le projet froissait dans leurs intérêts. Le nouveau projet de M. Frère-Orban n’est point exposé à rencontrer devant lui une opposition aussi puissante. L’opinion publique s’est prononcée avec trop d’ensemble contre les abus auxquels donne lieu la loi actuelle, pour que celle-ci puisse conserver l’appui d’un parti nombreux. La nouvelle loi satisfera à la fois les intérêts des contribuables et ceux du trésor. Le ministère belge se propose aussi de réprimer ou de prévenir les fraudes électorales. Il veut répartir entre les quatre universités du pays les bourses d’études, concentrées maintenant sur l’université de Louvain, ce qui paraît injuste, car ces bourses avaient été fondées au profit de l’ancienne université de Louvain, laquelle avait le caractère d’une institution publique, tandis que l’université libre de Louvain n’a rien de commun avec sa devancière. Enfin l’on se propose de soumettre à un contrôle efficace l’administration des fabriques d’églises ; ce dernier dessein répond à une exigence de l’opinion libérale, qui voudrait aussi et surtout la modification de la loi sur l’enseignement primaire. Un des passages les plus intéressans du discours royal est celui qui annonce la conclusion de traités de commerce avec l’Angleterre et d’autres états, c’est-à-dire avec la Hollande, le Zollverein et l’Autriche, sur des bases semblables à celles du traité franco-belge. L’orthodoxie économique ne voit point avec faveur l’expédient des traités de douane ; cependant, lorsque, comme en Belgique, ces traités se généralisent et embrassent à peu près toutes les relations commerciales, ils équivalent à des réductions de tarifs, et sont un moyen moins correct, si l’on veut, dans la forme, mais peut-être plus expéditif en pratique, de faire avancer un pays vers la liberté commerciale.

Le roi Léopold a été fort applaudi lorsqu’en parlant de la Hollande il l’a