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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1861.

Nous avons aujourd’hui à mentionner un fait d’une véritable importance et à en étudier la signification ; nous voulons parler de l’avènement de M. Fould au ministère des finances et de la réforme constitutionnelle qui accompagne la rentrée de M. Fould dans le cabinet. Nous ne savons si nous nous laissons séduire par une illusion ; mais à notre avis la modification constitutionnelle que M. Fould a obtenue est le progrès politique le plus important qui ait été accompli en France depuis 1852, et doit avoir bien plus de portée que ce fameux décret du 24 novembre qui excita, il y a un an, tant d’espérances. Il serait d’ailleurs difficile de n’être point frappé de la facilité et de la bonne grâce avec lesquelles l’empereur a donné son adhésion aux sages principes exposés dans le mémoire qui lui a été soumis par M. Fould, qui a été lu dans une réunion assez solennelle du conseil privé et du conseil des ministres, et qui est aujourd’hui livré à la publicité par le Moniteur.

Il y a trois choses à examiner dans la réforme annoncée : les circonstances qui l’ont motivée, le caractère qu’elle présente, les conséquences qu’elle peut avoir.

Les circonstances qui ont décidé l’empereur à investir M. Fould du ministère des finances et à renoncer au pouvoir d’ouvrir dans l’intervalle des sessions des crédits supplémentaires ou extraordinaires sont justement celles dont nous avions récemment accusé avec force la gravité. On avait depuis longtemps le sentiment que la politique financière de la France n’était point conduite avec un véritable esprit de suite et de prévoyance. On voyait que, par l’entraînement avec lequel on se laissait aller à ouvrir des crédits supplémentaires ou extraordinaires, le contrôle sérieux des finances publiques échappait au corps législatif, que les dépenses n’étaient point coordonnées avec unité, que les découverts du trésor grossissaient sans cesse, que les