Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/480

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourra-t-elle fournir à l’exportation par Trieste des quantités plus considérables ? On peut l’affirmer, la production des céréales en Hongrie augmente tous les ans beaucoup plus que les besoins locaux ; elle augmenterait bien plus rapidement encore, si les producteurs avaient d’une année à l’autre la certitude de pouvoir vendre leurs produits à un prix rémunérateur. La surface totale du sol productif en Hongrie est répartie entre les diverses cultures à très peu près comme suit :


Céréales de toute sorte 10,120,000 hectares.
Prairies 2,835,000
Vignes 434,000
Pâturages 6,000,000
Forêts 6,235,000
Jardins 210,000
Total 26,494,000 hectares.

Sur les 10 millions d’hectares consacrés aux céréales, on peut compter pour les jachères environ 30 pour 100 ; les 7 millions d’hectares cultivés chaque année produiraient, à raison de 13 hectolitres en moyenne à l’hectare, les quantités de céréales évaluées ci-dessus au chiffre de 87,400,000 hectolitres, non compris les graines oléagineuses et les légumineux de toute espèce.

La surface des terres consacrées aux céréales peut encore sensiblement s’accroître aux dépens des pâturages, sans risquer de troubler la proportion convenable à une bonne agriculture. Le système des jachères tend à diminuer, et enfin presque partout la nature du sol permettrait de substituer le froment au seigle. Si on ne l’a pas fait déjà, c’est parce que le seigle trouvait dans le pays même un débouché que le producteur ne pouvait espérer pour le froment.

La superficie cultivée chaque année en céréales peut très facilement et très rapidement atteindre le chiffre de 10 millions d’hectares, dont un tiers au moins en froment. Le rendement moyen, qui n’a guère dépassé jusqu’à présent 13 hectolitres à l’hectare, peut facilement s’élever à 16 et 17 hectolitres ; ces derniers chiffres ont été, même en 1861, dépassés sur beaucoup de points. L’introduction, chaque jour croissante sur une très large échelle, des machines agricoles apporte une compensation au.peu de densité de la population, et le capital ne manque pas pour créer les aménagemens nécessaires au développement de la culture. Il est donc permis d’affirmer, sans crainte d’erreur, que la quantité de céréales mise par la production hongroise à la disposition de l’étranger peut, dans un très court délai, atteindre les chiffres de 10,15 et 20 millions d’hectolitres.

La récolte de 1861 présente sur celle de 1860 un excédant qui varie de 4 à 6 millions de quintaux métriques ; les besoins des autres provinces de l’empire seront cette année plutôt au-dessous qu’au-dessus des années précédentes,