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LE DRAC.

LE DRAC.

Moi ? rien : qu’est-ce que vous voulez que je dise ?

BERNARD.

Je veux,… oui, je veux que tu me dises la vérité, car tu la sais.

LE DRAC.

Quelle vérité ?

BERNARD.

Oh ! tu me l’as donnée à entendre tantôt !

LE DRAC.

A entendre ? Non, je vous ai dit clairement que Francine ne vous aimait plus.

BERNARD.

Et t’as eu peur d’en trop dire. T’as fini par te moquer de moi en te donnant pour l’amoureux…

LE DRAC.

Oh ! ça, c’était pour plaisanter.

BERNARD.

T’as pas besoin de le dire ; mais à c’t’heure, je ne ris plus, et je te défends de plaisanter. Comment s’appelle-t-il, l’amoureux de Francine ? Allons, vite, dis !

LE DRAC.

Comment il s’appelle ? J’sais pas.

BRENARD.

Tu mens !

LE DRAC., effrayé.

Si vous vous fâchez…

BERNARD.

Oui, tu te sauveras ? Voyons, aie pas peur. {PersonnageD|LE DRAC.|c| insinuant.}} Tu veux le tuer, pas vrai ?

BERNARD.

Le tuer ? Non, certes ; tuer un pays, un camarade peut-être, parce que Francine… Ah ! j’avais mérité ça, moi, et je dois me soumettre.

LE DRAC.

Tu ne veux pas te venger ? Alors pourquoi veux-tu savoir ?…

BERNARD.

Pour savoir, v’ià tout ; mais toi, d’où sais-tu ?

LE DRAC.

Francine me l’a dit.

BERNARD, se parlant à lui-même, haut.

Alors qu’elle me le dise donc à moi aussi ! Au lieu de m’accuser injustement, qu’elle me rende au moins son estime ; qu’elle ait confiance en moi ! Oui, je vas l’attendre ; oui, je vas lui parler, tant-