Je n’en vois pas, moi. Quel moyen ?
Sortons d’ici tous les deux !
Pourquoi ?
Nous passerons la nuit dehors.
Oh ! non ! qu’est-ce qu’on dirait ?
On dirait ce qu’il faut qu’on dise, que je t’ai enlevée, que nous nous aimons, et le devoir de ton père serait de nous marier.
Ça serait un vilain moyen ! Comment oses-tu penser à ça ?
Ah ! que veux-tu ? Faut pourtant trouver quelque chose ! Nous ne pouvons pas nous quitter comme ça. il boit. Tu ne veux pas qu’on jase ? Eh bien ! laisse-moi passer la nuit ici. Quand ton père nous verra ensemble, il pensera que c’est trop tard pour refuser, il boit encore.
Allons ! tu dis de vilaines choses ! Ne bois donc pas comme ça. C’est du rhum, et le rhum ne donne jamais de bonnes idées.
Ah ! tant pis, faut que je m’étourdisse ! Au moment de te quitter, le cœur me manque. Non, ça n’est pas possible ! Francine, faisons mieux ; sauvons-nous ensemble ! Je déserterai. Oui, vingt dieux ! je déserte, là ! Nous filons en Amérique. J’ai de l’argent. Tu passeras pour ma femme, et au diable la marine, au diable les parens, au diable le pays et tout le tremblement !
Ne buvez plus, Bernard ; vous êtes déjà ivre !
J’suis pas ivre du tout !
Alors vous êtes pire que vous n’étiez, car dans vos plus mauvais momens vous n’auriez jamais osé me proposer ça.
C’est que j’étais une bête ! A c’t’ heure, faut faire comme je dis, et faut me suivre ! Allons, prends ta cape et partons ! Je le veux !
Ah ! mon Dieu ! il me fait peur !