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LES
ARTS DECORATIFS
EN ORIENT ET EN FRANCE

LES GOBELINS.

Il y a environ deux siècles, dans un quartier de Paris à peu près désert, au milieu de vastes prairies où les blanchisseuses étendaient leur linge lavé dans la Bièvre, s’élevait une teinturerie déjà célèbre en 1550. C’est là que Jean Gobelin et ses descendans, en teignant l’écarlate d’après les procédés orientaux, firent une fortune si brillante, qu’ils obtinrent des lettres de noblesse et s’allièrent bientôt aux noms les plus honorables de la magistrature. Ils cédèrent alors leur usine à des Flamands, qui aux ateliers de teinture joignirent une fabrication de tapis de haute et basse lisse. En 1662, CGolbert acheta le bâtiment principal, nommé plus spécialement Hôtel des Gobelins, afin d’y établir, la manufacture royale des meubles de la couronne. Il voulait donner à toutes les industries de luxe une perfection qui servît de modèle aux artisans du royaume, et leur montrât les efforts nécessaires pour maintenir dans un juste équilibre cette alliance de l’art et de l’industrie qui a marqué d’un caractère si original les travaux du moyen âge et de la renaissance.

Lorsque la manufacture des Gobelins fut créée, d’où venait-elle ? où voulait-elle aller ? à quelles influences fut-elle soumise ? Elle eut pour mission, on n’en saurait douter, de conserver la tradition de ce grand art décoratif qui jadis ornait de ses tentures à personnages