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d’établissement du drainage en France. Il en résulte que sur cette pièce, de 1 hectare 55, où les drains furent espacés de 10 mètres et creusés à une profondeur minimum de lm25, le prix de toute l’opération a été de 210 francs pour un hectare. La fabrication des tuyaux avait eu lieu près du terrain, avec une machine prêtée au fabricant. Sans cette circonstance, le prix de revient se fût élevé à 219 francs. Enfin, si la fabrique eût été plus ou moins éloignée, il aurait fallu tenir compte des frais du transport des tubes et manchons, employés au nombre de 6,350.

Le prix moyen pour l’Angleterre et l’Ecosse n’a pas dépassé 136 francs 10 centimes par hectare, tandis qu’en Irlande, où généralement la profondeur des rigoles est plus grande et l’écartement moindre, le drainage est revenu en moyenne à 296 fr. 50 c. — En Saxe, d’après le professeur Stockhardt, le prix moyen du drainage ne s’est élevé qu’à 153 francs 63 centimes par hectare, bien que les drains aient été rapprochés à 8m50 de distance et creusés à une profondeur moyenne de 1m13. Ce prix, si peu élevé dans de telles conditions, s’explique par le coût de la main-d’œuvre et du combustible, qui sont à très bon marché en Saxe. — Suivant M. Kreuter, les grands travaux de drainage exécutés en Bohème, dans les terres du prince Schwarzenberg, ont coûté de 158 francs à 223 francs l’hectare, l’écartement des drains étant compris entre 11 et 15 mètres, et la profondeur moyenne atteignant 1m26. — Les prix du drainage en Prusse, d’après le même savant, ne dépasseraient pas en moyenne 228 fr. l’hectare.

De ces divers relevés, on peut déduire une moyenne générale de 264 francs, moyenne presque deux fois plus élevée que celle de l’Angleterre, où cependant le nombre des tubes employés par hectare est à peu près le même que chez nous : la différence tient surtout au prix du combustible et par conséquent des tubes en chaque localité, prix bien moindre en Angleterre qu’en France. Quant au résultat financier définitif ou au produit net d’une pareille amélioration agricole, on peut dire que dans toutes les circonstances favorables où les saisons ne s’opposent pas à l’accroissement normal des récoltes, et lorsqu’en même temps les cours commerciaux des grains et fourrages se trouvent convenablement rémunérateurs, l’excédant de production dans le cours d’une seule année suffit pour compenser les frais de premier établissement du drainage. Enfin, sauf d’exceptionnels insuccès qu’il eût été facile de prévoir, l’accroissement des produits annuels suffit pour payer l’intérêt et en quelques années l’amortissement complet des sommes avancées. À plus forte raison, ces résultats sont-ils rapidement acquis lorsqu’il est possible d’employer les eaux surabondantes du sol, écoulées par les drains,