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Une
caravane française
en Égypte
au printemps de 1860

L’isthme de Suez et le Sinaï.


I

Les lecteurs de la Revue qui ont accompagné notre caravane dans les déserts de Syrie au printemps de 1860[1] voudront bien, nous l’espérons, se reporter un peu en arrière et la suivre dans les états du vice-roi d’Égypte.

En février de la même année, nous étions au Caire. Les princes français qui dirigeaient notre excursion à travers l’Orient avaient à cœur de faire un double pèlerinage, l’un aux travaux, si justement populaires en France, du percement de l’isthme de Suez, l’autre au Mont-Sinaï, dont la visite doit, dans tout voyage d’Orient un peu complet, précéder celle de Jérusalem. Le vice-roi, apprenant leurs désirs, désigna Linant-Bey, ingénieur et géographe bien connu, pour les accompagner sur le tracé du canal, commanda qu’on réunît pour eux le personnel et les animaux nécessaires au voyage, et mit sous leurs ordres un colonel d’artillerie, Mourad-Bey, qui leur était doublement sympathique, car il avait puisé en France son instruction

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1861.