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daise, qui en a 80,000, sans posséder ni l’une ni l’autre un sol plus riche. La production s’accroîtrait plus vite encore; elle reste au-dessous d’un million de francs[1], tandis que la Grande-Bretagne reçoit de la Guyane anglaise plus de 10 millions de produits, et la Hollande une valeur à peu près égale de Surinam !


IV. — ORGANISATION ADMINISTRATIVE. — LE GOUVERNEMENT LOCAL. — LES PÉNITENCIERS.

Pour atteindre à ce niveau, les habitans de la Guyane ont besoin du concours de l’administration, mais non pas sous la forme directement tutélaire où elle aime à l’accorder. Cet excès d’intervention administrative commence à la base même de toute société, la commune. A la Guyane, la ville seule de Cayenne est érigée en une commune dont le conseil municipal est tout entier nommé par le pouvoir, ce qui en fait une simple commission officielle. Tout le reste du pays manque du germe même d’une telle institution : ses quatorze quartiers sont administrés par autant de commissaires-commandans, investis de toutes les attributions de l’état civil, de la police, de la justice de paix, du commandement; fonctionnaires amovibles, qui, pour l’étendue du pouvoir, sinon pour la façon dont ils l’exercent, laissent bien à distance les pachas turcs, car en Turquie il y a des cadis pour rendre la justice. Avec ce cumul, plus de garantie contre les abus d’autorité d’un fonctionnaire qui décrète et qui juge; plus de carrière ouverte à ces modestes ambitions locales qu’éveillent, au grand profit de la chose publique, le talent, la fortune, la considération. En Europe, les honneurs municipaux comptent légitimement parmi les liens qui attirent et retiennent les propriétaires sur leurs domaines, et relèvent par quelque influence l’obscure existence des champs. Dans toutes leurs colonies, l’Angleterre et la Hollande, même l’Espagne et le Portugal, s’empressent de fixer les populations au sol par le plaisir que les colons éprouvent à s’administrer eux-mêmes. La France ne s’y résigne que le plus tard et le moins qu’elle peut. A cet égard, la Guyane est au bas de l’échelle,

  1. En 1859, les principaux articles de l’exportation de la Guyane en France sont les suivans (commerce général, en valeurs actuelles).
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    Rocou 321,843 kil. 434,480 fr.
    Bois d’ébénisterie 497,674 160,766
    Sucre brut 73, 425 44,679
    Girofle 14,413 22,366


    Le chiffre total monte à 709,828 francs, à quoi il faut ajouter une centaine de mille francs pour le commerce avec les autres colonies et l’étranger. La feuille officielle de la Guyane porte le total des exportations de 1860 à 1,032,797 francs, le plus haut chiffre qui ait été atteint depuis longtemps.