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baptistère a pu être aussi un tombeau. On croit que l’incorporation du baptistère à l’église ne devint pas la règle générale avant le pontificat de Grégoire le Grand. Il nous reste à dire comment, sous l’influence probable des nécessités du culte, la basilique s’est modifiée et a reçu des ornemens et des développemens qui la distinguent, dans les siècles chrétiens, de ce qu’en avaient pu faire le goût et l’art dans les siècles antérieurs. La société des fidèles s’est agrandie, elle est devenue la nation. Il est arrivé à ces édifices plus longs que larges, dans leur destination religieuse, ce qui leur était arrivé pour leur destination civile. Ils n’ont pas tardé à paraître étroits, soit pour la foule qu’ils devaient contenir, soit pour certains mouvemens, certaines évolutions liturgiques qui réclamaient de l’espace. Mais comment élargir un bâtiment dont le vaisseau doit rester libre et vide, et qui se compose essentiellement d’un toit et de deux murs ? Ces murs ne peuvent s’écarter indéfiniment, les charpentes n’ont qu’une portée limitée, et qui sait si les charpentiers des premiers siècles étaient fort habiles ? En tout cas, il est certain que les charpentes en fer qui couvrent des hectares de terrain dans nos gares de chemins de fer étaient inconnues. Supposez qu’on recule, à droite et à gauche de la nef, le mur latéral en lui donnant les trois quarts, la moitié, le tiers même de sa hauteur, on aura augmenté l’espace disponible, à la seule condition de mettre à l’ancienne place du mur une rangée de pieds-droits, disons tout de suite de piliers ou de colonnes qui supportent la galerie supérieure et le toit; on aura ainsi doublé de chaque côté, ou du moins dégagé, élargi la nef. Ces galeries latérales, closes par un mur plus bas, seront couvertes d’un toit qui pose obliquement ses solives dans le mur primitif. Voilà donc trois espaces, trois salles, trois ailes, trois nefs, une grande et deux moindres parallèles, ou une nef principale et ses deux côtés qui, moins élevées qu’elle, sont ses bas côtés. C’est ainsi que s’est transformée très promptement la basilique chrétienne primitive. Un tiers ou un quart de la longueur du vaisseau terminé en hémicycle et en coquille, et que l’on s’est habitué à orienter au levant, s’est élevé sur une plate-forme plus ou moins haute. Au fond de la courbe, une chaire de pierre entourée de bancs de pierre ou de bois; en avant, un autel bientôt recouvert d’un baldaquin permanent, ouvrage d’architecture ou de sculpture, et précédé de deux autres chaires; puis, au-dessous des degrés de l’abside, fermée quelquefois par un cancel ou balustrade, un vaste espace livré au public, une nef bordée de colonnes liées entre elles par des arcs de voûte qui supportent les murs de la cage fermée par la charpente; deux bas côtés, nefs latérales où peut s’étendre la foule, où peuvent circuler des processions, s’avancer des catéchumènes, où plus tard on élèvera des autels secondaires, où même on placera des tombeaux;