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munesavaient lieu dans cette salle publique. Au fond de la tribune se tenait sur sa chaise, dès lors cathédrale, le surveillant ou l’inspecteur qui déjà s’appelait évêque. Autour de lui étaient rangés les anciens, c’est-à-dire les prêtres, ou les servans, c’est-à-dire les diacres. Au-delà de cette enceinte réservée où bientôt chanta le chœur, la nef recevait toute la convocation des appelés ou des choisis, l’église, comme on la nommait, et, passant du contenu au contenant, le nom de chœur ou presbytère a désigné le lieu réservé aux officians et aux chantres, et la basilique elle-même est devenue l’église[1]. Nous n’avons ici nulle intention de rentrer dans l’histoire obscure des antiquités du culte chrétien. Il est certain que la parole et la lecture en étaient au moins dès les premiers temps les élémens principaux, et de très bonne heure il y eut en avant de la tribune deux chaires, l’une à droite de l’évêque pour la lecture de l’évangile, l’autre à sa gauche pour celle de l’épître, et ces deux chaires ou ambons se retrouvent encore en pierre ou en marbre, et d’un style très archaïque, dans les mieux conservés des temples des dix premiers siècles. Si de bonne heure la communion a cessé de se régler sur les formes de la cène, et, perdant presque toute analogie visible avec la pâque antique, est devenue une représentation purement symbolique, la sainte table a dû se dresser là même où les païens plaçaient l’autel; elle est elle-même devenue l’autel du nouveau sacrifice, et elle était orientée à l’est, vers le fond, en face de l’évêque, qui voyait de là le peuple. A son tour ce peuple, à qui le prêtre tourne le dos aujourd’hui, voyait les traits, les regards, les mouvemens de son premier pasteur, et s’associait plus aisément à ses sentimens et à ses paroles. Cette disposition existe encore dans plus d’une basilique, et quoiqu’elle ne soit pas ordinaire, la désuétude n’a pas atteint cette manière de célébrer la messe. On sait que c’est ainsi placé que le souverain pontife officie à Saint-Pierre.

Pour en finir avec la liturgie, j’ajouterai qu’il paraît que, dans les premiers temps et pendant de longues années, l’usage n’était pas d’employer le lieu ordinaire de l’assemblée catholique au sacrement du baptême ni aux cérémonies pour les morts. Un bâtiment particulier était réservé à cette destination ; il était ordinairement circulaire ou d’une forme polygonale qui le rapprochait du cercle. Les baptistères les plus connus en offrent la preuve; les antiquaires sont d’accord pour reconnaître que la forme ronde avait chez les Romains un caractère sépulcral, et l’on voit en effet que plus d’un

  1. Tous ces noms sont connus, mais il est lion de les rappeler : cathedra (siège), cathédrale, ville épiscopale; episcopus (surveillant), bischof, bishop ou vescovo, évêque; presbyteri (anciens), prêtres; presbytère, place des prêtres; ecclesia (convocation choisie), église; diaconus (servant), diacre.