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non sans plaisir, connaissance avec Alexandre Tiarini, peintre bolonais plus remarquable pour l’intelligence, la composition, l’expression, que pour l’exécution. On remarquera des vitraux, chose toujours si rare en Italie, et ceux-ci ont l’honneur douteux d’avoir été dessinés par Michel-Ange. On ne marchera pas sans faire halte un moment sur une ligne de cuivre, projection d’une méridienne tracée par Cassini. Enfin, au-dessus d’une porte, un buste de Guido Pepoli, nom populaire à Bologne, rappellera celui de son auteur, Properzia de’ Rossi. Bologne est une des villes qui ont vu naître le plus de femmes de savoir et de talent. L’université en a eu pour professeurs ; on cite encore Matilde Tambroni, Laura Bassi, Teresa Muratori, Elisabeth Sirani. Properzia était douée pour la sculpture, la peinture, la gravure, la musique, et elle mourut de douleur de n’être pas aimée d’un jeune ingrat au moment où le pape Clément VII, venu à Bologne pour couronner Charles-Quint, demandait à la voir et à l’emmener à Rome. On montre dans l’église un bas-relief de la scène de Joseph et de la femme de Putiphar, où elle aurait consacré l’expression très naïve de la douleur dont elle est morte.

Sous ce buste de Pepoli est l’entrée de la salle de la fabrique de Saint-Pétrone. On y garde la collection des plans proposés pour l’achèvement de la façade. Il y en a de la main des plus grands architectes : il y en a de Palladio, de Vignole, de Peruzzi, plusieurs de chacun d’eux; il y en a d’Alberti, de Lombardo, de Tibaldi, etc. C’est une collection précieuse dans laquelle on pourra faire un choix, car l’Italie, depuis son émancipation, s’est prise d’un si grand zèle à réparer ses églises, qu’on ne devrait pas s’étonner qu’elle entreprît d’arranger Saint-Pétrone. S’il ne s’agit que de la façade, je n’y ai aucune objection ; achever le reste serait compléter un mauvais ouvrage.

Il n’y a que la rue à traverser pour aller à l’Archiginnasio. C’est l’ancien palais de l’université. Le nouveau, très convenablement disposé, mais qui n’offre rien de bien saillant, est dans un autre quartier : c’est le palais Cellesi, ouvrage de Tibaldi. L’Archiginnasio est une élégante création de Francesco Terribilia, et la commune, en y plaçant sa bibliothèque et des écoles primaires, scuole pie, a fait réparer tout l’édifice avec le plus grand soin; c’est une des choses les plus complètes et les plus curieuses que l’on puisse voir. Après avoir traversé le portique extérieur, on se trouve dès l’entrée au milieu des monumens de cette célèbre université de Bologne qui n’a point perdu sa renommée. Une cour ou cortile est sur ses quatre faces entourée de deux étages de galeries à jour, et cette cour, ces galeries, les escaliers, sont à la lettre tapissés de souvenirs universitaires. Ce sont d’abord des statues ou des bustes, plus souvent des